Effectivement, le mercredi 1er janvier 2024, Bamako a dénoncé la « persistance des actes d'ingérence » de son voisin algérien qu'il accuse de soutenir des « groupes terroristes ».
Bamako exhorte Alger à « arrêter d'utiliser le Mali comme un instrument de son positionnement sur la scène internationale ».
Le département malien des Affaires étrangères déclare « avoir pris connaissance des déclarations » du ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, « commentant une fois de plus la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme », dans ce communiqué qui ne reprend pas les paroles controversées, attribuées à Ahmed Attaf.
D'après le ministère, « l'Algérie a déjà été dénoncée pour sa proximité et sa collusion avec les groupes terroristes qui troublent la stabilité du Mali en profitant de son accueil et de sa provision alimentaire ». Il « condamne avec la plus grande rigueur cette nouvelle ingérence de l'Algérie dans les affaires intérieures du Mali ».
Bamako « insiste sur le fait que les choix stratégiques relatifs à la lutte contre les organisations armées terroristes, soutenues par des bailleurs de fonds étrangers, relèvent exclusivement du Mali » ainsi que de ses voisins du Burkina Faso et du Niger, avec lesquels le Mali a créé une confédération suite à son retrait de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), perçue comme étant sous domination française.
Il convient de souligner que ce n'est pas la première fois que le Mali porte des accusations contre ce pays nord-africain, l'accusant de soutenir les groupes terroristes.
L'étirement d'une série de cassures
Depuis que les groupes indépendantistes du Nord, en grande partie touaregs, ont relancé les conflits contre l'État et l'armée malienne en 2023 suite au retrait de la mission des Nations Unies (Minusma) orchestré par la junte après dix ans de présence, l'accord était déjà perçu comme moribond.
Cette décision de rompre l'accord fait partie d'une série de coupures initiées par les militaires qui ont pris le contrôle à Bamako en 2020. Ils ont mis fin à la vieille association avec la France et ses associés européens pour se tourner vers la Russie, et ont également renvoyé la Minusma.
Les groupes majoritairement touaregs, qui avaient déjà déclenché des révoltes par le passé, avaient renoué avec la lutte en 2012 pour l'indépendance ou l'autonomie du Nord. L'insurrection a dégagé le chemin pour des groupes islamistes extrémistes qui ont pris le pas sur les indépendantistes et ont réussi à contrôler la majeure partie du Nord, ce qui a conduit à une intervention militaire française et a plongé le Sahel dans le conflit.
Suite à la conclusion de l'accord de 2015, les combattants jihadistes ont persisté à lutter contre l'État sous les étendards d'Al-Qaïda ou de l'organisation État islamique.
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