Face à l'explosion des arrivées aux Canaries depuis les côtes africaines et notamment sénégalaises, l'Union européenne a annoncé une aide de 30 millions d'euros à Dakar. Les fonds seront utilisés pour secourir les migrants en mer et lutter contre les départs illégaux.
L'Union européenne (UE) a annoncé mercredi 16 octobre une aide de 30 millions d'euros à Dakar pour lutter contre l'immigration clandestine en provenance du Sénégal - et à destination de l'archipel espagnol des Canaries, porte d'entrée de l'UE au large des côtes ouest-africaines.
"En réponse à une demande du gouvernement, l'Union européenne vient d'approuver une enveloppe de 30 millions d'euros" pour contribuer "à prévenir les départs irréguliers et à sauver des vies sénégalaises", a déclaré Jutta Urpilainen, commissaire européenne aux partenariats internationaux, à des journalistes dans la capitale sénégalaise.
Concrètement, les fonds seront utilisés pour aider les autorités sénégalaises à secourir les migrants en danger et à lutter contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains, a-t-elle ajouté. Ils serviront également à sensibiliser la population aux dangers de la migration clandestine, a-t-elle ajouté. "Notre principal message, c'est que nous ne voulons plus voir de tragédies en mer", a-t-elle déclaré.
Chaque année, des milliers de personnes quittent le Sénégal pour l'Europe en prenant des risques immenses. Il faut au moins cinq jours de navigation pour parcourir les 1 700 km qui séparent le pays des Canaries dans des conditions décrites comme terribles par les survivants, à la merci de la faim et la soif, du soleil, des intempéries et des avaries.
Dernier drame en date : dimanche 22 septembre, quand des pêcheurs ont retrouvé une embarcation à la dérive à 70 km de Dakar. À l’intérieur se trouvaient plusieurs corps en état de décomposition avancée. Au moins 30 personnes ont trouvé la mort ce jour-là.
Deux semaines avant, le 8 septembre, une pirogue s'était renversée causant la mort d’au moins 39 migrants. Une vingtaine de personnes avaient été secourues par des pêcheurs mais des dizaines d’autres sont toujours portées disparues. La pirogue transportait une centaine de passagers.
Au mois de février, un terrible naufrage avait aussi secoué le pays. Plus de vingt corps avaient été récupérés sur une plage dans la région de Saint-Louis, dans le nord du Sénégal. Selon les témoignages des rescapés, près de 300 personnes avaient pris place à bord, et seule une vingtaine de Sénégalais avaient été secourus.
Au moins 24 personnes sont mortes après le naufrage de cette pirogue au large du Sénégal, mercredi 27 février 2024. Crédit : capture d'écran TikTok
Dans un pays touché par un chômage de masse et une crise économique, les jeunes Sénégalais sont de plus en plus nombreux à tenter de traverser l’Atlantique pour rejoindre les Canaries. "À Mbour, de nombreuses familles sont touchées par l’immigration irrégulière. Dans certaines d’entre elles, trois ou quatre personnes du même foyer sont parties pour l’Europe. (…) Ici, tout le monde a peur qu’un proche prenne la mer", témoignait à InfoMigrants un habitant de cette ville côtière, peu de temps après le naufrage du 8 septembre.
La Commission européenne finance déjà un projet de 5,75 millions d'euros visant à renforcer la capacité des forces de sécurité sénégalaises pour lutter contre l'immigration clandestine, la traite des êtres humains et le trafic de migrants.
Depuis le début de l'année plus de 30 000 exilés africains - venus du Sénégal et de Mauritanie notamment - ont débarqué aux dans l'archipel espagnol, soit une hausse de 105 % par rapport à la même période de l'année dernière. La hausse du nombre d'arrivées provoque une saturation du système d'accueil espagnol. Ces derniers mois, le gouvernement des Canaries n'a cessé d'alerter sur la situation dans les îles qui réclament plus d'aide de l'État dans la prise en charge des migrants, notamment mineurs.
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