Le Tribunal des flagrants délits de Dakar a tranché dans une affaire aussi invraisemblable que tragique. Souleymane Ba, surnommé “Eric”, chauffeur de profession et polygame assumé, a été condamné à six mois de prison ferme et à une amende de trois millions de FCFA. Son crime ? Avoir roué de coups sa deuxième épouse, Astou Mbaye, dans une scène conjugale qui a dégénéré jusqu’à lui casser trois dents. L’Observateur, qui suit cette affaire de près, relate les détails d’un procès où jalousie, colère et violence se sont mêlées.
Une jalousie qui vire à l’uppercut
Âgé de 32 ans et marié à trois femmes, Souleymane Ba a plaidé l’incompréhension et le mensonge face aux accusations portées par sa “niarel”, Astou Mbaye. Tout commence par une dispute anodine, selon la version de la victime, le 20 juillet 2024, dans leur domicile de Darou Salam à Tivaouane-Peulh. “Il m’a demandé avec qui je parlais au téléphone. Je lui ai répondu que c’était son père. Mais il a insisté, et je lui ai répété la même chose”, témoigne Astou à la barre. Puis, tout s’emballe lorsqu’elle refuse de préparer à manger, invoquant une maladie. La suite ? Une pluie de coups de poing et de pied qui l’ont laissée avec trois dents en moins et un certificat médical indiquant une incapacité de travail de 30 jours.
La défense : entre amnésie et contradictions
Face aux accusations détaillées de son épouse, Souleymane Ba s’est défendu en rejetant tout en bloc. “Je ne l’ai jamais frappée. Elle m’a attaqué avec une lampe de chevet, et c’est elle qui est tombée en se blessant toute seule”, a-t-il affirmé, stoïque. Pourtant, son propre récit est truffé d’incohérences. Selon lui, Astou aurait été en colère après avoir intercepté des messages vocaux qu’il avait envoyés à sa troisième épouse. Une crise de jalousie qui aurait, selon le prévenu, dégénéré en confrontation physique.
Un quartier témoin de l’escalade
Les voisins du couple, notamment une certaine Mamy Fall, âgée de 24 ans, ont également été appelés à témoigner. Si certains soutiennent la version d’Astou Mbaye, d’autres évoquent un conflit réciproque. Mamy Fall, par exemple, a affirmé avoir vu Astou sortir de la chambre en trébuchant, tandis que Souleymane apparaissait avec une blessure au front. Toutefois, ces témoignages n’ont pas suffi à convaincre le tribunal de l’innocence du prévenu.
Un verdict sans appel
Malgré les efforts de la défense, qui a plaidé la relaxe ou une application clémente de la loi, le tribunal a estimé que les faits étaient “constants et accablants”. Souleymane Ba a ainsi été déclaré coupable de coups et blessures volontaires, écopant d’une peine de six mois de prison ferme. Il devra également verser trois millions de FCFA à Astou Mbaye en guise de dommages et intérêts. Une sanction qui vient rappeler que, même dans un cadre marital, la violence n’a pas sa place.
Entre regrets et responsabilités
À la barre, Souleymane Ba a exprimé des regrets tardifs, mais sa condamnation est une réponse claire à des actes inacceptables. Quant à Astou Mbaye, elle quitte cette affaire meurtrie mais victorieuse, espérant peut-être que cette sentence serve d’exemple dans une société où les violences conjugales restent souvent banalisées. Une leçon douloureuse pour un chauffeur qui, visiblement, confondait la conduite de son foyer avec celle de son volant.
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