Alors qu’elle postulait pour enseigner à l’école Ali Imran, un établissement d’enseignement franco-arabe situé à Dakar (ouest du Sénégal), une enseignante catholique a été recalée à cause du port de sa croix et de sa tête non couverte, a fait savoir, mi-novembre, le Collectif les veilleurs chrétiens.
Cet épisode survient alors qu’un nouveau règlement mettant fin à l’interdiction des signes religieux à l’école a été publié par les autorités de Dakar le 8 octobre. Il demande notamment « l’acceptation du port des signes religieux, tels que le voile, la croix, les perles sacrées, sans préjudice à une identification nette de l’élève dans l’enceinte de l’école, dans les classes et lors des activités pédagogiques ».
Selon le Collectif des veilleurs chrétiens saisi par l’enseignante, les faits remontent aux 7 et 8 novembre, lorsque la directrice de l’école et un autre responsable ont tenté de lui faire accepter de « retirer ou de cacher sa croix et de se couvrir la tête quand elle rentre dans l’établissement ». Ayant refusé de satisfaire ces exigences qu’elle considère comme une atteinte à ses convictions religieuses, sa candidature n’a pas été retenue, l’établissement se tournant vers un autre choix.
« Nous voulons faire en sorte que pareille discrimination cesse dans la société sénégalaise conformément aux décisions de nos gouvernants, a martelé Ephrem Manga, le responsable du Collectif. Nous appelons à l’attention des autorités gouvernementales sur un tel fait préjudiciable à une citoyenne sénégalaise à la recherche d’un emploi ».
« Elle a refusé de se soumettre au règlement intérieur »
« Nous lui avons simplement demandé de cacher sa croix à l’heure des classes parce que nous sommes dans une école d’enseignement coranique et nous ne voulons pas que les enfants copient sur elle en voyant la croix », s’est justifiée mardi 26 novembre, Mame Coumba Dabo, la directrice de l’école, contactée par La Croix International. Elle assure que ces exigences auxquelles la postulante a refusé de se soumettre sont conformes au règlement intérieur de cette école confessionnelle. « Ayant refusé de se soumettre à ce règlement intérieur, nous lui avons signifié notre indisponibilité à travailler avec elle », a-t-elle expliqué.
Quant à l’obligation de porter le voile évoquée par le Collectif, elle souligne qu’ « il n’a jamais été imposé aux enseignantes ». Mame Coumba Dabo conclut que « ce n’est pas pour son appartenance à la religion » que cette postulante catholique n’a pas été retenue, mais surtout pour une question de « respect de règlement intérieur ».
Un arrêté ministériel sur les insignes religieux à l’école
Selon l’organisation chrétienne, dans ce pays laïc peuplé à 95 % de musulmans, le sort réservé à cette enseignante catholique n’est pas isolé. « Plusieurs témoignages confirment qu’il y a des écoles privées franco-arabes qui exigent que toutes les élèves se voilent la tête avant d’accéder à l’intérieur de l’enceinte de leurs établissements », a insisté son premier responsable qui « alerte les autorités ».
À ses yeux, ces règlements intérieurs restent contraires à l’arrêté du ministère de l’éducation nationale, relatif au port vestimentaire des élèves dans les écoles, pris le 8 octobre, au lendemain de la rentrée scolaire. L’article 5 de cet arrêté exige « le respect des croyances religieuses incluant l’acceptation du port des signes religieux, tel que le voile, la croix, les perles sacrées, sans préjudice à une identification nette de l’élève dans l’enceinte de l’école, dans les classes et lors des activités pédagogiques ».
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