Le Secrétariat Général du Syndicat National des Acteurs et des Professionnels de la Filière Anacarde de Côte d’Ivoire (SYNAPFA-CI) a adressé une lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Alassane Ouattara, afin de solliciter une révision du prix bord champ de la noix brute de cajou pour l'année 2025. Ce courrier met en lumière les difficultés que rencontrent les producteurs locaux de cajou et propose une nouvelle matrice des prix pour garantir un meilleur revenu aux producteurs, améliorer leurs conditions de vie et encourager la transformation locale de la noix de cajou.
Le Secrétaire Général du SYNAPFA-CI, Soumahoré Lassiné, a exprimé, au nom
des producteurs de cajou, une inquiétude grandissante face à la volatilité des
prix bord champ et la manière dont les bénéfices générés par la production de
la noix de cajou ne profitent pas suffisamment aux producteurs. Depuis 2011, un
système de fixation des prix a été mis en place pour réguler le marché, mais
les acteurs, notamment les exportateurs, ont souvent imposé des conditions qui
ne tiennent pas compte des coûts de production des producteurs locaux.
La situation est devenue encore plus préoccupante après la mise en place de
diverses subventions pour favoriser les transformateurs, telles que la
subvention de 400 F CFA par kg d'amande de cajou produite et la suppression du
DUS (Droit Unique de Sortie) sur l'exportation de l'amande de cajou. Cependant,
les producteurs se sentent délaissés et se battent pour obtenir un prix qui
couvre réellement leurs coûts de production.
Proposition de révision des prix pour 2025
Le SYNAPFA-CI propose une nouvelle matrice de prix pour 2025 qui prend en
compte le coût réel de revient de la noix brute de cajou, avec une augmentation
du prix CAF de référence de 663 F CFA à 1000 F CFA. Cette augmentation entraînerait
une révision du prix bord champ, permettant aux producteurs d'obtenir 500 F CFA
par kilogramme de noix brute de cajou. Ce changement aurait un impact direct
sur la vie des producteurs, avec plusieurs bénéfices :
Amélioration des conditions de vie des producteurs : couverture maladie
universelle (CMU) pour plus de 400 000 producteurs et leur inscription au
Régime Social des Travailleurs Indépendants (RSTI).
Contribution sociale et économique : mise en place d'une contribution aux
frais funéraires pour les producteurs décédés après la campagne 2025 et un
soutien à l'amélioration de la productivité.
Augmentation du DUS : Proposition d'augmenter le DUS de 33,33 à 50 F CFA
pour renforcer les financements de la filière.
Le SYNAPFA-CI estime que la Côte d'Ivoire, en tant que premier producteur
mondial de noix de cajou, doit prendre en main la fixation des prix de la
filière et ne plus se laisser imposer des prix par les multinationales. La
création d’une Bourse Internationale de l'Anacarde (BIA) est suggérée,
permettant ainsi à la Côte d'Ivoire de définir les règles du jeu au niveau
international.
La révision du prix bord champ proposé permettrait non seulement de
valoriser le travail des producteurs locaux mais aussi d’assurer la pérennité
de la filière en attirant davantage de jeunes vers la culture du cajou, un
secteur économique stratégique pour le pays.
Un projet suspendu à la décision du gouvernement
Par ailleurs, le SYNAPFA-CI appelle à la reprise du projet "Un jeune,
un hectare d’anacarde", lancé par feu le Premier Ministre Amadou Gon
Coulibaly, qui visait à promouvoir la culture du cajou chez les jeunes
agriculteurs. Ce projet a été suspendu mais pourrait, selon le syndicat, être
relancé avec les ressources issues de l’augmentation du DUS. Cette initiative
pourrait transformer durablement la filière anacarde en Côte d'Ivoire et
contribuer à la réduction du chômage chez les jeunes.
Le SYNAPFA-CI invite le Président Alassane Ouattara à prendre en
considération ses propositions pour la révision des prix de la noix de cajou et
la mise en place d’un cadre plus équitable pour les producteurs. En plaçant les
producteurs au cœur de la politique agricole, la Côte d'Ivoire pourra non
seulement préserver sa position de leader mondial de l'anacarde, mais aussi
améliorer la vie des milliers de familles dépendantes de cette filière.
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