Depuis le palais du taekwondo jusqu’à la gare Nord de la Société des transports abidjanais (Sotra), en passant par Liberté, les bulldozers étaient à l’œuvre, débarrassant les emprises de cette voie des installations commerciales anarchiques.
« C’est le district autonome qui mène l'opération. Elle s'inscrit dans le cadre de la lutte contre l'insalubrité urbaine et de la transformation du cadre de vie. Nous allons dégager de Liberté jusqu'à la gare Nord, et l'opération va s'étendre jusqu'au pont piéton qui relie Williamsville à Adjamé-Bracodi », a précisé un agent du district, sous couvert d'anonymat.
Ainsi, sous une forte escorte de la police nationale, de la brigade de la salubrité du district autonome d'Abidjan et de la police municipale, toutes les installations commerciales le long de cette voie ont été détruites. Tous les magasins et les étals ont été démantelés.
Pas une pierre n’est restée sur une autre, comme en témoigne l'activité du Caterpillar rencontré à la cité Ecotour, constituée des tours Tramontane, L'Harmattan, Sirocco, etc. Ces constructions, qui donnent fière allure à Adjamé-Liberté, ont été nettoyées des vendeurs ambulants et des commerces installés sur leurs abords.
Selon Lanciné Doumbia, président du conseil des 17 syndicats du grand Adjamé 220 et résident de la tour L'Harmattan, le ministre-gouverneur Cissé Bacongo s'est rendu sur place en début de semaine, accompagné de Soumahoro Farikou, le maire d'Adjamé, pour constater de lui-même l’ampleur du désordre dans ce secteur. Lors de cette visite, le premier responsable du district autonome a annoncé qu’une opération allait être menée pour rendre Adjamé viable et vivable.
Le septuagénaire précise que la visite du ministre-gouverneur faisait suite aux nombreuses plaintes des habitants du grand 220, s'étendant du cinéma Liberté à Fraternité Matin, qui dénonçaient les installations anarchiques de commerces le long de cette belle cité. Cette occupation illégale de l'espace public constituait un terreau fertile pour une insécurité et une insalubrité difficilement supportable.
« Nous nous sommes plaints du désordre autour des tours. Le long du mur qui nous sépare de la route est occupé illicitement par des commerces, ce qui perturbe la quiétude des résidents, surtout tard dans la nuit. Notre quartier est devenu une passoire où les gens jettent toutes sortes de déchets. Nous avons expliqué cela au maire et lui avons demandé de nous débarrasser des commerçants le long du mur », explique le vieux Doumbia, véritablement satisfait de l'opération.
Il déplore toutefois que les autorités n'aient pas impliqué la coordination avant de procéder au déguerpissement. Selon lui, cela aurait permis à la coordination, qui avait déjà établi la liste des commerçants concernés, de les avertir au préalable pour qu’ils puissent sauvegarder leurs biens. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, et beaucoup ont subi des pertes importantes.
C’est notamment le cas de Koné Maimouna, vendeuse d’accessoires pour hommes, qui affirme avoir perdu son étal évalué à plus de 300 000 FCFA, soit 460 euros. « Avant-hier, on nous a informés que Bacongo allait venir ici et qu'il fallait enlever nos commerces. Mais on ne savait pas quand exactement il viendrait. C’est ainsi que je suis venue aujourd’hui. Vers 6 heures, les machines sont arrivées et ont commencé à tout démolir, sans sommation. Mon fonds de commerce est de 300 000 FCFA, et c'est ce que j'ai perdu », a-t-elle conclu, attristée.
Il convient de rappeler que la semaine dernière, les services du ministre-gouverneur Cissé Bacongo avaient déjà dégagé la voie publique menant de Liberté à Fraternité Matin. Ainsi, l’espace communément appelé « au terrain », face au siège du journal public et à proximité du district de police d'Adjamé, a été dégagé, et tous les commerces installés ont été détruits. Désormais, les journalistes bénéficient d'une vue dégagée sur le boulevard lagunaire, tout comme les usagers de cette voie ont une vue d'ensemble sur leur journal.
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