En janvier 2020, j'ai été auprès de mes parents dans la
région du Gôh, ex-région du Fromager, pour fêter avec eux. Naturellement, pour
ce fait, ils étaient saoulés de joie. Moi également. J'ai passé un très bon
séjour à leur côté avant de regagner la capitale économique du pays, pour poursuivre
mes vastes activités professionnelles.
Mais quand j'y étais, un soir, un de mes cousins et un ami
avec qui nous avions fait le même lycée, avaient goupillé une sortie nocturne
dans un bar pas mal dans le quartier de Garahio. C'était la fête, je ne m'étais
pas privé cette sortie me permettant de me distraire un peu. Mon cousin et
notre ami avaient à leur côté, leur côte. Moi, je ne m'étais pas fait
accompagner: ce n'était pas à discuter.
Nous étions arrivés dans le bar aux environs de vingt-trois
heures. Le coin était peu occupé en ce moment-là. On voulait changer de lieu
mais mon cousin a finalement voulu qu'on reste. Quelques minutes plus tard, des
adultes et des adolescents, je dis bien, des adolescents, nous avaient rejoints
dans l'enceinte de cet établissement de nuit avec à leur côté, des « gos »,
enfin, leurs « gos », qu'ils s'étaient permis d'attraper par la
hanche pour certains et carrément par les fesses pour d'autres.
C'est vrai qu'en buvant tout doucement, j'écoutais de bout
en bout la conversation qui avait lieu à notre place et qui était pilotée par
mon cousin et notre ami, en leur répondant à la hâte. Mais en vérité, mon
regard était rivé plutôt vers le salon de nos voisins du bar. Assis, j'avais
pensé qu'ils allaient commander simplement et purement des boissons de leur
âge, c'est-à-dire, non alcoolisées. Que nenni ! Ils ont osé s'offrir des
champagnes et autres. Par la suite, lorsque l'ambiance du soir s'était
amplifiée, s'emportant par elle justement, ces ados avec leurs « gos »
osaient faire des choses qui n'étaient pas de leur niveau. Et vous savez très
bien de quoi je veux parler. Je n'en revenais pas! J'ai interpellé discrètement
mes compagnons de la soirée sur ce que je voyais, à côté de nous. Ils ont ri
simplement en me disant sur un ton d'ironie, que "les petits veulent se
prendre pour des grands".
Alors, parce que c'est la fête, faut-il laisser des
adolescents se pourrir la vie? Parce que c'est la fête, les parents doivent-ils
permettre à leurs enfants de faire comme des adultes ? Parce que c'est la fête,
devons-nous saper la morale? Parce qu'on cherche de l'argent aussi, doit-on
autoriser des adolescents à fréquenter des maquis et bars pour se détruire à
petit feu, sachant que ce n'est pas du tout normal? Est-on obligé de faire la
police à qui que ce soit pour leur refuser cela? Non!
À côté de cela, ce que je n'arrive toujours pas à
comprendre, est que dans nos quartiers, la plupart des cybers café sont pris
d'assaut à la fois par les enfants et par les adolescents. Ça n'interpelle
personne. Même pas les gérants de ces cybers qui ne parlent pas, parce que,
tant que ces derniers peuvent faire leur affaire, alors: bienvenue les clients
! Quand même ! Quand même !
Et on continue de laisser faire tout cela chez nous. On laisse
des enfants et des adolescents visiter des lieux qui ne leurs sont pas
destinés. On attend chaque fois que le pire arrive avant de prendre des mesures
rigoureuses et vigoureuses pour agir.
Avec l'arrivée en pompe du numérique, les vidéos clubs se
font rares ou n'existent plus dans nos quartiers. Les enfants tout comme les
adolescents peuvent, à l'aide de leur smartphone, chez eux et de façon
instantanée, regarder tous les programmes de leur goût. Mais quand on en
n'était pas encore à cette étape, c'étaient des enfants et adolescents qui
remplissaient ces vidéos clubs. Ils y restaient parfois jusqu'à des heures
tardives. Et on voyait des parents venir tirer leurs enfants de ces lieux-là,
très souventes fois. Personne ne peut infirmer cela.
On dit être émergent. On est pleinement en 2020, il y a
encore des plaies par ici. Et pourtant, pour y arriver, il faut bien prendre le
dessus sur tout cela aussi. Malheureusement, jusqu’aujourd’hui, on continue de
laisser faire.
Boris Anselme Takoué, Journaliste-écrivain
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