Chronique : Sous le charme de Faha Faha

J’ai pour habitude de ne pas perdre de temps parce qu’il est sacré, dit-on. Si je ne suis pas au travail, je cherche à m’occuper, à m’intéresser à quelque chose qui peut m’apporter une connaissance de plus. Mes amis me disent souventes fois d’arrêter de vivre comme les vieux, oubliant que l’avenir se prépare étant jeune.

Tout le monde sait que j’aime lire, pas forcément à cause de ma profession. Cet amour pour la lecture, je l’avais cultivé depuis l’enfance. Quand je mate la télé par exemple, j’ai mes préférences. Soit c’est pour m’informer sur les différentes chaînes d’information ou regarder des films d’action ou encore, écouter la musique. C’est justement en changeant de chaîne que j’ai découvert un jour, sur le bouquet canal, l’émission dénommée ‘’Faha Faha’’. Une émission diffusée sur Ivoire TV Music et présentée par l’artiste chanteur faiseur d’afro beat, Ramzy Werrason dit le Danhéré.

Dans le jargon ivoirien, ‘’Faha Faha’’ signifie face à face. Cette émission s’adresse aux acteurs et célébrités du monde de la culture. Son style m’a séduit, je l’avoue. En effet dans cette production, le présentateur pose des « vraies » questions à ses invités sans toutefois les blesser. Le tout dans un brin d’humour. Ramzy Werrason greffe le français au Nouchi pour agrémenter son émission. Et ça plaît. C’est une tribune qui permet aux acteurs de cette musique née dans les années 2002, de se « mirer » afin de faire évoluer leur mouvement. C’est cool !

Les invités saluent à sa juste valeur le concept et lui souhaitent une longévité.  Bravo donc à ceux qui ont cogité sur la production d’une telle émission qui ne laisse personne indifférent. Je pense que les ‘’Faha Faha’’, dans certains domaines qui touchent directement notre société, nous en avons besoin pour nous exprimer.

Nous le constatons bien chez nous, rare sont les émissions réservées aux débats politiques, que ce soit à la télé ou à la radio, pour repenser notre façon de faire la politique sous nos tropiques. Pareil pour ce qui concerne la littérature où les écrivains ne cessent de se plaindre relativement aux droits d’auteurs, à l’édition des livres, entre autres. Ainsi que dans bien d’autres domaines. Et pourtant, on en a besoin pour discuter et faire vraiment avancer les choses dans notre société.

On ne peut évoluer que si on accepte de se corriger. Mais s’il n’y a pas de débat, comment peut-on discuter pour corriger nos imperfections qu’on voit bien grandir? Comment ? L’Europe l’a bien compris. Et nous le constatons, leurs chaînes donnent l’envie de les suivre régulièrement. Ils travaillent pour produire des émissions radio et télé de qualité. Personne ne peut dire qu’en écoutant par exemple, Radio France International (RFI), qu’il a envie de zapper pour écouter une autre chaîne. Sauf s’il doit vaquer à une autre occupation urgente.

Cette soif de débat se ressent sur les réseaux sociaux. Faites un tour sur le forum Observatoire Démocratique en Côte d’Ivoire (ODCI), vous verrez. Un sage m’a fait savoir un jour, qu’un homme qui n’accepte pas de critiques n’est pas encore mature. Et une société alors ?     

L’Afrique peut évoluer si et seulement si les africains le veulent.   

Boris Anselme Takoué, journaliste-écrivain