Chaque pays d’Afrique de
l’ouest, en dehors de son charme, a ses contraintes et aussi ses réalités. En
tout cas, le nôtre est beau et généreux. Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un
pour dire le contraire. On dit même dans nos chansons, que sa capitale
économique, Abidjan, « est le plus doux au monde ».
La preuve, chez nous,
n’importe qui vient créer son église n’importe où et est appelé pasteur ;
il enceinte à souhait nos sœurs et sait qui est bon mari ou pas à qui, il peut
même recommander à ses ouailles en quête de mariage. Et comme si ça ne
suffisait pas, il se permet de faire des révélations sur l’avenir de la nation
et de certaines de nos personnalités. C’est à eux seuls que Dieu parle dans ce
pays. Ceux-là, on a fini par leur accorder une bonne place chez nous. De fait,
ils sont maintenant chez eux aussi.
Chez nous, quand il pleut
à Abidjan ou quand il y a un embouteillage monstre sur l’autoroute du nord, ou
dans nos communes, la plupart des chauffeurs de véhicules en commun augmentent rapidement
volontiers, le prix du transport sans que personne ne trouve à redire. J’ignore
peut-être l’existence de cette loi qui autorise les chauffeurs à agir ainsi
dans ces cas. La preuve, on en est tout le temps victime.
En sus, ici, on se permet
de rouler en toute quiétude sans permis de conduire et sans les pièces du
véhicule. Selon nos humeurs, on respecte ou pas les feux de circulation. Et
puis si les forces de l’ordre nous arrêtent, on sait comment faire pour que ces
derniers nous laissent nous en aller en paix. Au sortir de là, on devient même
des amis. C’est trop chic quoi !
Chez nous, on écrit
« urgence » à l’hôpital mais le médecin n’est jamais à l’heure. C’est
le malade qui doit parfois l’attendre. Pour combien de temps ? On l’ignore.
Si tu fais savoir ton ras-le-bol, on te demande tout de suite si tu as apporté
de l’argent pour te faire soigner. Si c’est affirmatif, on te reçoit. Quand
c’est le contraire, on te fait retourner à la maison, sinon tu es obligé de
retourner tranquillement.
Chez nous, on ne se
fatigue pas pour être à l’heure lors des grands événements, les gens n’aiment
pas trop ça. Si on t’a dit par exemple qu’une cérémonie débute à 10 heures, tu
constateras que ça ne va pas débuter à l’heure exacte. Parce qu’on attend
chaque fois quelqu’un ou quelque chose pour commencer l’activité. C’est
toujours comme cela. On est lent dans les administrations. Toujours en train de
faire patienter. Pis, en fin de semaine, surtout le vendredi, « on ne dure
pas au champ ». C’est une petite blague à l’ivoirienne qui pousse à
quitter les bureaux au crépuscule. Gare à celui ou celle qui va oser s’opposer,
parce que cette habitude a pris notre sang.
Chez nous, la majeure
partie de nos jeunes passent tout leur temps sur les réseaux sociaux, sans
vraiment y tirer profit. S’affairant sur l’actualité des peoples ou des gens
qui se sont déjà réalisé. Rien que. On ne se rend pas compte que chaque jour
qui passe, on évolue à tout point de vue et que le pays a besoin de leur génie
créateur pour se hisser. Pendant qu’en Chine ou au Japon ou encore au Canada,
les jeunes de leur âge créent quelque chose d’instructif, nous, on préfère
gaspiller notre temps et énergie à entretenir des débats sur des faits vraiment
inutiles.
Et pourtant chez nous,
doit être débout !
Boris Anselme Takoué, Journaliste-écrivain
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