Une chronique de Boris Anselme Takoué
Chez certains de nos frères africains, en dehors de leur bravoure, leur esprit de solidarité, d'hospitalité, qu'on apprécie fortement, l'une des notions qui devraient aussi habiter leur quotidien, je crois que c'est bien la culture de la ponctualité.
Ça, ça nous manque. Bien. C'est devenue un défaut, disons, une plaie. Une plaie sur laquelle il faut coûte que coûte penser pour panser. Nous sommes au XXIème siècle. Alors, si les temps ont bien changé comme on le constate d'ailleurs, les hommes aussi devraient être contaminés par ce changement. Et ce changement, ça passe par la mentalité avant d'atterrir sur les autres niveaux.
Il faut qu'on comprenne que la culture de la ponctualité dont il est question aujourd’hui, ne doit pas seulement s'adresser à un groupe de personnes ou de personnalités. Car tous formons et vivons dans la même société. Et le respect doit être mutuel. Par exemple, pour quelle raison, un ministre va se présenter à l'heure à une cérémonie où il a été convié ou sollicité et attendre les autres invités avant d'entamer la cérémonie ? Au nom de quoi aussi, les populations vont se rendre à l'heure à une manifestation et attendre longtemps les autorités avant de commencer quoi que ce soit? Ces vilaines habitudes, il faut bien que ça nous quittent! Il faut bien en découdre.
Il y a quelques années, invité à aller couvrir la diffusion de l'avant-première du film d'une actrice ivoirienne au palais de la culture de Treichville, j'ai pu voir des invités se retirer tout doucement de la salle, parce que les organisateurs n'avaient pas respecté l'heure de la diffusion. Prévu à 18 heures, c'est finalement à 20 heures moins que le film a commencé. Je crois que ça été une leçon pour eux. Et rares sont les cérémonies qu'on organise chez nous, qui débutent à l'heure. Parce qu'on attend toujours quelqu'un.
Souventes fois, prenant part à certaines activités, on voit des gens venus à l'heure comme en retard et dont les téléphones perturbent le déroulé de la cérémonie. Et pourtant, on leur demande tout le temps, de bien vouloir mettre leur téléphone en mode silence ou l'éteindre tout simplement. C'est tellement gênant et énervant.
En Occident, sachant l'importance de la ponctualité, les horaires des trains, des métros, des avions, tout est prévu. Même quand ça doit prendre un petit retard, ils prennent la peine de s'excuser. Là-bas, les gens s'arrangent pour venir d'avance quand ils ont un rendez-vous. Mais chez nous, on fait tout pour être en retard. Ça ne fait pas joli.
Journellement, parce qu'on est mal organisé, on se voit être surpris par le temps. Il faut bien que la culture de la ponctualité demeure notre quotidien. Être ponctuel, c'est aussi se démarquer des siens. Si on respecte les horaires qu'on s'est fixées, ça nous permettra de gagner en temps. Mais quand ce n'est pas le cas, alors, on sera toujours en retard.
L'Afrique peut évoluer si et seulement si les Africains le veulent.
Boris Anselme Takoué, journaliste-écrivain
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