Vendredi soir, en Côte d'Ivoire, des militaires ont tiré à l'arme lourde et pris le contrôle de Bouaké, 2ème ville du pays. Ils protestent afin d'obtenir une augmentation de leurs salaires. Et la protestation s'étend.
Que s'est-il passé, vendredi soir, en Côte d'Ivoire ?
Situation tendue à Bouaké, la deuxième ville de Côte d'Ivoire, depuis vendredi 6 janvier, après que des militaires mutins ont pris le contrôle à l'arme lourde. Rapidement, le mouvement s'est étendu aux villes de Daloa et Daoukro (centre), Korhogo et Odienné (nord).
Que réclament les militaires ?
Les militaires révoltés réclament le paiement de primes, des augmentations de salaire, une promotion plus rapide entre les grades et des logements.
Vendredi, un officier avait expliqué sous couvert de l'anonymat qu'il s'agissait d' "une mutinerie des ex-combattants (de la rébellion, ndlr) intégrés dans l'armée qui réclament des primes de 5 millions de francs CFA (7.600 euros), plus une maison chacun". Un soldat avait ensuite surenchéri, affirmant que les mutins voulaient "non pas 5 millions de francs CFA mais plutôt 10 millions chacun, plus une villa [...] Le cas échéant, nous ne regagnerons pas les casernes", avait-il averti.
Nous allons discuter avec nos hommes, recueillir leurs préoccupations, et trouver des solutions à cette situation qui est compréhensible mais déplorable.Alain-Richard Donwahi, ministre de la Défense, à la télévision nationale
Quelle est la situation, ce samedi matin ?
A Bouaké, "ce matin encore, on entend les tirs de rafales et à l'arme lourde. Ils ont tiré toute la nuit également", a déclaré le journaliste de l'AFP. Ecoles et commerces sont toujours fermés. Tôt samedi matin, les militaires ont chassé les commerçants qui s'étaient installés au bord des routes.
"Depuis que nous avons écouté le ministre à la télévision, nous avons compris qu'il se prépare quelque chose contre nous. S'il veut venir pour négocier, il n'y a pas de problème. Mais s'ils veulent venir pour nous attaquer, nous sommes aussi prêts pour ça. C'est pourquoi nous ne voulons pas voir de commerçants dehors", a expliqué un soldat. Ce samedi, le ministre de la Défense était attendu à Bouaké, alors que des tirs retentissent encore.
Dans la capitale économique du pays, Abidjan, des coups de feu ont éclatés dans une caserne, indique Reuters. Et à Man, dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, des coups de feu ont été signalés, sans que l'on sache s'ils sont liés à la révolte de soldats.
Dans les autres villes, la situation est plus calme. Les militaires se sont retirés vendredi soir des rues et aucun tir n'y a été ensuite entendu. Selon des habitants, les rues y étaient calmes ce samedi matin.
Vers une crise plus profonde ?
"Nous sortons d'[une] crise et notre armée est en reconstruction ; les choses n'avancent pas aussi vite qu'on pourrait l'espérer mais elles avancent quand même", précisait le ministre de la Défense.
En novembre 2014, une vague de protestation de soldats était partie de Bouaké pour s'étendre à Abidjan et d'autres villes du pays. Le non-paiement des arriérés de soldes de 2009-2011 et de 2011-2014 des ex-combattants de la rébellion intégrés dans l'armée avait été présenté comme le principal motif de leur mécontentement.
Bouaké est aussi connue pour être l'ancienne capitale de la rébellion qui contrôlait le nord du pays lorsqu'il était coupé en deux entre 2002 et 2011. Cette rébellion était favorable à l'actuel président Alassane Ouattara, alors que le sud du pays était tenu par les forces loyales à l'ex-président Laurent Gbagbo.
Le gouvernement a présenté récemment une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu'en 2020. Elle prévoit modernisation et achats d'équipements pour 1,2 milliard d'euros et une refonte des effectifs. L'armée ivoirienne - 22.000 hommes au total - compte beaucoup trop de gradés pour peu de soldats.
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