Dans leur dernier rapport, le groupe des experts de l'ONU sur la Côte d'Ivoire affirme que le président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, et l'ex-rébellion des Forces nouvelles qu'il dirigeait ont profité de la crise postélectorale de 2010-2011 pour acquérir plusieurs centaines de tonnes d'armements.
Dans leur dernier rapport remis au Conseil de sécurité le 15 mars mais rendu public le 4 avril, les experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire déclarent que les Forces nouvelles ont acquis « une quantité importantes d’armes et de munitions (300 tonnes selon les estimations) au lendemain de la crise postélectorale » de 2010-2011. Ils affirment quel’actuel président de l’Assemblée nationale « Guillaume Soro s’est lui-même chargé de l’acquisition du matériel, de son transport jusqu’à Bouaké et Korhogo et de sa répartition entre membres de Forces nouvelles ».
Ils précise que ce matériel militaire « est entré sur le territoire ivoirien en violation de l’embargo » de l’ONU, qu’il « n’est pas encore totalement sous le contrôle de l’armée » et « qu’il représente 30 % de l’arsenal que possède l’État ivoirien ».
« À Bouaké, le matériel était sous la garde de l’unité de protection rapprochée du Premier ministre [Guillaume Soro à l’époque]. À Korhogo, il était à la charge de Fansara 11012, l’unité commandée par le lieutenant-colonel Martin Kouakou Fofié, un ancien commandant de zone visé par des sanctions de l’ONU depuis 2006 », affirment encore les experts onusiens.
Connexion Burkina-Côte d’Ivoire ?
Le document explique qu’une partie de ces armes provenaient du Burkina Faso. « Entre avril et août 2011, le Burkina Faso a importé d’importantes quantités de matériel en provenance d’Albanie et de Bulgarie, pour un montant total de 3,5 millions de dollars, peut-on lire. À Korhogo, le Groupe a observé du matériel albanais et bulgare correspondant aux quantités livrées au Burkina Faso. De plus, les numéros de série et de lot de ce matériel sont identiques à ceux du matériel livré par la Bulgarie. »
Les experts considèrent « que la présence de stocks d’armes et de matériel non déclarés en Côte d’Ivoire représente une menace potentielle pour le processus de paix et crée un risque de commerce illégal et de détournement des armes et des munitions vers des utilisateurs non voulus, en particulier dans la sous-région ».
Joint par Reuters, Guillaume Soro a démenti ces allégations.
Dans ses précédents rapports, le groupe d’experts a régulièrement pointé du doigt l’influence politique et économique néfaste des anciens rebelles ivoiriens, notamment des ex-comzones.
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