Les « koro » (grands frères en dioula) et « vieux pères » ont frappé une fois encore… Et ils n’y sont pas allés par quatre chemins : pour eux, les législatives du 18 décembre prochain seront surtout l’occasion de faire réélire une majorité de députés sortants et de faire élire les barons des deux grands partis formant le RHDP, la coalition au pouvoir.
C’est en tous cas, la principale leçon à tirer des listes des candidats PDCI et RDR diffusées en début de semaine. 17 ministres d’État ou ministre RDR (Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, Marcel Amon Tanoh, Bruno Koné, Kandia Camara….), 6 ministres PDCI (Ahoussou Jeannot, Patrick Achi, ….) sont par exemple candidats.
De même que le Premier ministre Daniel Kablan Duncan. La candidature surprise de ce dernier à Grand Bassam, vient alimenter les rumeurs de sa future nomination comme nouveau et premier vice-Président du pays. Son passage par les urnes pouvant lui conférer une certaine légitimité populaire, à défaut d’avoir été élu en même temps que le Président (comme cela est prévu dans la nouvelle Constitution).
Une véritable douche froide pour ceux, les plus jeunes en général, qui espéraient faire cette année leur entrée sur la scène politique ivoirienne. « On marche un peu sur la tête en Côte d’Ivoire, explique un quadra du PDCI. On nous a tranquillement expliqué que ce n’était pas grave et qu’il y avait dorénavant un Sénat, crée par la nouvelle Constitution, ou encore les conseils régionaux. Incroyable mais vrai, ailleurs le Sénat est généralement l’affaire des plus vieux !"
Convoqués par la direction de leur parti le dimanche 13 novembre, un grand nombre de candidats à l’investiture du PDCI en sont sortis plus qu’amers. Pour eux, le parti qui, dans le cadre de la coalition, ne présente que 101 candidats (sur 255 sièges disponible), avale encore une fois de plus de grosses couleuvres – après les présidentielles de 2010 et 2015 et la répartition des postes ministériels -.
Candidats indépendants
Une réunion tendue au cours de laquelle, Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du parti a d’ailleurs été hué lorsqu’il a demandé aux militants recalés de ne pas se présenter en indépendants, en leur rappelant qu’ils étaient tous « des hommes et des femmes d’honneurs ». En référence notamment à la déclaration sur l’honneur de ne pas se présenter en indépendant que les candidats aux investitures ont enjoint à leur dossier de candidature.
Et si certains se plieront à la discipline du parti, pour d’autres, il en est tout simplement hors de question. C’est évidemment le cas du député de Port-Boüet Kouadio Konan Bertin (38 ans), et la député de Cocody, Yasmina Ouégnin (37 ans), tous les deux ouvertement opposés aux récentes décisions de l’inamovible Henri Konan Bédié (82 ans) et qui se présenteront donc en candidats indépendants.
Populaire dans sa circonscription, médiatique, bénéficiant du soutien indéfectible de son père Georges Ouégnin (ancien directeur de protocole d’Houphouët) et son réseau, « Yas » comme la surnomme ses soutiens, conserve toutefois de sérieuses chances de l’emporter. Face à elle, notamment, l’actuelle ministre de la Communication (RDR), Affoussiata Bamba-Lamine, jusque-là députée d’une autre commune abidjanaise, Abobo et le discret N’Guessan Daniel Joseph.
Autre probable candidature indépendante : celle de Léon Konan Koffi, qui briguait l’investiture pour le Plateau et a été écarté au profit d’un unique candidat RDR, Doh Blé Isaac.
Petits partis
Au RDR, la tendance est la même et devrait être plus accentuée encore. Le parti qui présente 135 candidats fait la part belle aux caciques. « Il y aura une inflation des candidatures indépendantes dans notre camps aussi, c’est certain. Une grande partie des candidats vont cumuler leurs postes de députés avec d’autres fonctions, alors que d’autres n’accèdent toujours pas au sésame de l’investiture. Surtout, les différentes tendances du parti ne sont pas assez représentées », explique un candidat RDR choisi dans une circonscription au nord du pays, avant d’appeler à un « véritable Congrès du RDR pour renouveler les instances du parti ».
La division qui touche aujourd’hui les deux majeurs partis de la coalition RHDP, s’étendra-t-elle aussi aux autres petits partis qui la complètent, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), le Mouvement des forces d’avenir (MFA) ou encore l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) ?
Ces derniers, doivent se mettre d’accord pour proposer une vingtaine de candidats qui iront aussi au scrutin sous la bannière RHDP, devraient publier leurs liste dans les prochains jours. La date limite de dépôt des candidatures pour tous les candidats, investis ou non, est fixée au 17 novembre.
JA
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