Réconciliation au Fpi : Affi – Simone Gbagbo, premier pas difficile mais décisif posé, les morts brisent les murs, mais...

On s’y attendait le moins possible. Mais, ça a fini par devenir une réalité. La participation de Pascal Affi N’guessan aux obsèques de son farouche adversaire au Front populaire ivoirien (Fpi), Abou Drahamane Sangaré.

Après moult tractations et hésitations, le président légalement reconnu du Fpi a été annoncé pour les condoléances au domicile de son ex-camarade et vice-président dans le cadre des obsèques de ce dernier. Mais, dans quelle posture l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, déchu de son titre de président du parti par le défunt devrait-il se présenter devant ses camarades en disgrâce avec lui ?

La grande interrogation avait tout son sens. Car, c’est ce qui va causer problème à la forte délégation conduite par Affi N’guessan au domicile de Sangaré, où l’attendait l’ex-Première dame, Simone Gbagbo et des caciques du Fpi tel Assoa Adou, Ettien Amoakon et autre.

D’entrée, les choses vont bien se passer avec cette accolade chaleureuse entre Simone Gbagbo, intérimaire officiellement du défunt à la tête de l’autre camp du Fpi qui réclame sa légitimité, et l’ancien chef de gouvernement, destinataire de l’ex-parti au pouvoir qui garde la main sur une partie des militants. Simone Gbagbo et Affi N’guessan donne une image forte de la possible réconciliation et de la réunification du Fpi devant leurs partisans. Mais, ce signe fort ne facilitera pas la suite des débats.

Les échanges de nouvelles entre les visiteurs et la grande famille politique du défunt vont très vite révéler les divergences et le malaise. Le porteur de nouvelle du côté de Pascal Affi N’guessan aura eu la charge lourde de présenter son leader comme le « président du Fpi ». Une désignation perçue très vite comme un lapsus, voir une provocation très vite rectifiée par le commis à recevoir les nouvelles. A savoir, l’ex-ministre Ettien Amoakon, l’un des dignitaires du camp Sangaré. L’homme n’attend pas pour réagir et situer clairement que « le seul président du FPI s’appelle Laurent Gbagbo ». Une mise au point ferme et direct qui effarouche Affi N’guessan et sa délégation comportant des fidèles compagnons de lutte de Laurent Gbagbo tel la ministre Christine Nebout Adjobi, Mme Christine Konan, Mme Agnès Monnet, épouse de l’ancien ministre des Mines et Energies, Angéline Kili, mais aussi le chef de la famille Sangaré, Ibrahim Sangaré, cadet du défunt, qui est proche de l’ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo.

Ettien Amoakon semblait bien préparé à rectifier le tir sous les regards vigilants decaciques dont Marie Odette Lorognon, Hubert Oulaye, Assoa Adou et Simone Gbagbo

Pour témoigner son soutien à la famille biologique du disparu, le député et tout nouveau président de la Région du Moronou a fait don de la somme de 3 millions de F Cfa avant de se tirer avec sa délégation.

Faut-il le noter, le Fpi, en bute à une crise depuis la sortie de prison de son président légataire, Affi N’guessan, est à un tournant décisif pour refaire son unité. L’ex-parti au pouvoir vient de perdre, coup sur coup, dans les deux camps en adversité, de fidèles compagnons de son fondateur, Laurent Gbagbo, détenu à la Haye, où il comparait devant la Cour pénale internationale (Cpi).

Pascal Affi N’guessan pleure le professeur Raymond Abouo N’dori, ancien ministre de la Santé, puis de la Construction du régime Gbagbo, décédé le 8 septembre 2018 et porté en terre le samedi 21 octobre 2018. Le lendemain, le dimanche 22 octobre 2018, le président légalement reconnu du Fpi a encore été frappé par un autre deuil avec le décès de Marcel Gossio, l’un des gros bonnets du parti de Laurent Gbagbo. Le corps de Gossio à peine rangé dans un casier à la morgue, qu'en face l’autre camp est aussi éprouvé avec le décès de son leader, Sangaré. Toute chose qui suscite une mobilisation générale dans les deux camps, les uns et les autres ne pouvant, devant la mort, entretenir leurs adversités et se passer de rendre hommage à ces illustres disparus.

Le pas franchi par Affi N’guessan et l’accolade de Simone Gbagbo pourraient annoncer des lendemains qui chantent. Les morts dans les deux camps, pouvant servir de ferment pour la réconciliation qui peine jusque-là à se faire.