Le divorce est prononcé. Entre Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan, les liens politiques et peut-être même plus sont désormais coupés. L’ancien chef de l’État a opté pour cette solution dans la crise qui secoue le Front populaire ivoirien, ce parti dont il est le fondateur et qui est dirigé par Affi N’Guessan.
Au cours d’une réunion du comité central de la branche du FPI qui lui est proche, Laurent Gbagbo a indiqué qu’il abandonne cette formation pour la création d’une autre qui lui servira d’instrument politique. Pour cette décision, l’ex-président ivoirien évoque ses rapports qui ne sont plus au bon fixe avec son ancien Premier ministre.
Dans le pays, les grands leaders politiques dont Laurent Gbagbo prônent la réconciliation nationale. Mais dans la maison FPI, cela semble difficile à prendre forme. Pour le député-maire de Tiassalé Assalé Tiémoko, par ailleurs journaliste et analyste politique, « le discours sur la réconciliation nationale dont on disait qu’il (ndlr, Laurent Gbagbo) était le chaînon manquant se retrouve décrédibilisé » par cette décision de l’ancien président.
Dans le camp Laurent Gbagbo, la décision du 9 août va plutôt dans le sens de la réconciliation. « Ça aussi, c’est une voie de la réconciliation. Il (ndlr, Affi N’Guessan) guerroie avec le président (ndlr, Laurent Gbagbo), ce dernier lui laisse le parti, on va en créer un autre. Je ne sais pas s’ils vont se voir », fait savoir chez le confrère RFI, Franck Anderson Kouassi, le chargé de communication de la branche FPI proche de l’ex-président.
Le Front populaire ivoirien vit une crise interne depuis l’éviction du pouvoir d’État de cette formation politique en 2011. Deux camps se disputent le contrôle de ce parti. L’un est dirigé par Affi N’Guessan et l’autre, jusqu’à ce mardi 10 août par Assoa Adou. Le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo le 17 juin 2021 était perçu comme l’élément qui allait réunifier les deux parties.
« Est-ce la bonne option dans cette crise? Le président Laurent Gbagbo et son ancien Premier ministre Affi N’Guessan sont d’accord sur leur désaccord. Le président Gbagbo a décidé discrétionnairement d’éviter le terrain de la bataille ou de la confrontation juridique et judiciaire. Il a motivé cette décision par le fait que suite à leur rencontre en 2019, il avait estimé que le président Affi N’Guessan avait changé donc de ce fait, ils n’avaient plus rien grande chose en commun et qu’il avait décidé de se séparer de ce dernier. L’option de la réconciliation, de la réunification, de l’unité était l’option idoine, c’est certain. Mais c’est l’un des acteurs qui a décidé qu’il n’en valait plus la peine et qu’il devait se séparer. Il y a donc une rupture au niveau de ces deux hommes et des deux organes qui vont en sortir », analyse pour 7info, Dr Eddie Guipié enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire.
Pour l’heure, aucune information sur la dénomination et la formation du futur parti n’est donnée.
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