De nombreux internautes ont pointé le paradoxe d’illustrer un appel à la paix et l’émancipation féminine par un symbole d’enfermement.

Simple maladresse ou promotion active de l’islam politique ? La dernière campagne de l’ONU suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux. Lundi 20 octobre, la branche onusienne pour la défense des droits des femmes a publié une photographie de femmes soudanaises posant en niqabs bigarrés. Le cliché est accompagné d’un slogan évocateur : «Quand les femmes dirigent, la paix s’installe».

«Alors que les conflits actifs atteignent leur plus haut niveau depuis 1946, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix est plus important que jamais», affirme l’association en annotation de la publication. «Aux côtés des femmes sur le terrain, UN Women valorise le leadership des femmes pour réaliser un monde en paix ». Les photographies de ces femmes proviennent directement du site de l’ONU. L’une d’elles, Amna Idres Musa Mahamod, dirige l’Association des femmes Al-Wifag à Toker, au Soudan. L’organisation internationale la décrit comme une militante de «l’égalité des sexes» et des «droits économiques des femmes dans les zones rurales».

Salve de critiques contre l’ONU

Sur X, la publication a pris de l’ampleur, atteignant plus de 2 millions de vues ce mardi. De nombreux internautes ont pointé le paradoxe d’illustrer un appel à la paix et l’émancipation féminine par un symbole d’enfermement. «L’ONU, ce machin qui illustre l’émancipation des femmes avec l’uniforme qu’imposent les régimes les plus misogynes de la planète», a fustigé l’essayiste et chroniqueur Ferghane Azihari.

Une affiche qui a également laissé sans voix Caroline Fourest, rédactrice de Franc-Tireur et connue pour son combat contre les intégrismes religieux. «Cette affiche…faire du niqab le signe du leadership au féminin, une fois de plus, rien ne va plus à l’ONU», a-t-elle écrit, dépitée. De son côté, Sophia Aram, humoriste et chroniqueuse, préfère l’interrogation rhétorique : «les prises de position de l’ONU sont issues d’un rapport de force politique interne. À votre avis qui a gagné ?».

Spécialiste du droit international public, l’avocat canadien Hillel C. Neuer a aussi déploré le choix de l’ONU de montrer une «femme soumise à la charia». «Oui, nous savons que (la photographie) est liée à un projet des Nations Unies au Soudan visant à émanciper les femmes. Mais votre publication contribue à normaliser l’oppression des femmes, à l’encontre de vos objectifs déclarés.»

«La liberté est reléguée derrière le voile»

Pour Céline Imart, vice-présidente des Républicains, «la liberté est reléguée derrière le voile». «Même Manon Aubry n’aurait pas fait mieux», a-t-elle raillé, ajoutant que la France devrait «sérieusement revoir sa contribution financière à l’ONU».

Contactée, l’ONU Femmes n’a pour l’heure pas réagi. Ce ne serait cependant pas la première fois que l’ONU soutient la liberté de porter le voile intégral. En octobre 2018, le Comité des droits de l’homme de l’ONU, avait condamné la France pour avoir verbalisé deux femmes qui portaient le niqab. Le Comité avait estimé que «l’interdiction du niqab viole la liberté de religion et les droits humains».