Djibouti : La suppression de la limite d'âge constitutionnelle ouvre la voie à un sixième mandat pour Ismaïl Omar Guelleh
L'Assemblée nationale de Djibouti a voté à l'unanimité le dimanche 26 octobre en faveur de la suppression de la limite d'âge constitutionnelle pour la fonction présidentielle. Cette modification lève l'obstacle majeur qui empêchait l'actuel chef de l'État, Ismaïl Omar Guelleh (77 ans), de se présenter pour un sixième mandat lors de la prochaine élection, prévue en avril 2026. L'ancienne limite fixée à 75 ans aurait rendu sa candidature inéligible.
Le vote, selon l'ancien Premier ministre et actuel président de l'Assemblée nationale, Dileita Mohamed Dileita, a été validé par l'ensemble des 65 parlementaires présents. Cette étape ouvre la voie à une nouvelle candidature du Président Guelleh, au pouvoir depuis 1999. Une source parlementaire indique que la loi fondamentale pourrait être modifiée définitivement soit par un référendum, soit par un second vote de l'Assemblée prévu pour le 2 novembre.
Réactions et Contexte Politique
Alors que le chef de l'État, surnommé « IOG », avait récemment maintenu le suspense sur sa candidature en mai, affirmant lors d'un entretien à Jeune Afrique qu'il aimait "trop [son] pays pour l’embarquer dans une aventure irresponsable et être la cause de divisions", ce vote n'est "pas une surprise" pour les observateurs.
La modification constitutionnelle est justifiée par Dileita Mohamed Dileita comme nécessaire pour assurer la "stabilité du pays" dans la Corne de l'Afrique, une région agitée. Il a également avancé que "plus de 80 % de la population soutient cela."
Cependant, Sonia le Gouriellec, spécialiste de la Corne de l'Afrique, a souligné l'existence de "contestations sur les réseaux sociaux", tout en notant que l'opposition manque d'espace d'expression à Djibouti, un pays où les libertés de la presse sont réprimées.
Sur le plan politique, Ismaïl Omar Guelleh, qui a succédé à Hassan Gouled Aptidon en 1999 après 22 ans comme chef de cabinet, a été réélu en avril 2021 avec plus de 97 % des voix. Son parti, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), exerce une domination hégémonique au Parlement. Néanmoins, en septembre, un proche conseiller du président, Alexis Mohamed, avait démissionné en dénonçant le "recul démocratique" et la "gestion clientéliste" du pays.
Djibouti, l'un des pays les moins peuplés d'Afrique (environ 1 million d'habitants), occupe une position géostratégique cruciale à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb, point de passage vital pour le commerce mondial entre l'Asie et l'Occident.
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