À l'aube de la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc, Habib Beye, actuel entraîneur du Stade Rennais, s'est confié lors d'un entretien organisé par la LFP. Entre ses ambitions pour le Sénégal, son regard sur le mépris de certains clubs européens envers le tournoi et son propre parcours de coach, l'ancien international livre une analyse sans concession.

1. La CAN : une exigence mondiale, un respect nécessaire

Pour Habib Beye, la CAN a changé de dimension. Ce n'est plus seulement une fête continentale, mais une compétition d'élite marquée par une grande homogénéité tactique.

1. Le problème du calendrier : Beye dénonce le manque de préparation (parfois seulement 6 jours). Il pointe du doigt la FIFA et les clubs européens qui, selon lui, dévalorisent le tournoi au profit de compétitions comme la Coupe du monde des clubs.
2. Un cri du cœur : « Les clubs doivent comprendre que la CAN est la consécration d’une carrière pour ces joueurs. Elle mérite la même considération que l’Euro. »

2. Favoris et enjeux sportifs

Interrogé sur les forces en présence pour cette édition marocaine, le technicien sénégalais a identifié trois axes majeurs :

1. Le Maroc : Favori logique à domicile, porté par une dynamique exceptionnelle.
2. La Côte d'Ivoire et le Nigeria : Des valeurs sûres avec des effectifs denses.
3. Le Sénégal : Son favori de cœur et de raison. Beye croit fermement à une « deuxième étoile » pour les Lions de la Teranga, saluant au passage le travail de Pape Thiaw.

« Ce n’est pas forcément la nation la plus riche sur le papier qui gagne, mais celle qui crée la meilleure alchimie en un temps record. »

3. L'identité binationale : une richesse tactique

Revenant sur les succès récents d'entraîneurs binationaux (Cissé, Belmadi, Faé), Beye refuse d'y voir une recette miracle, mais plutôt un atout de compréhension :

1. La double culture : Elle permet de mieux gérer des vestiaires hybrides, composés de joueurs formés en Europe et sur le continent.
2. Transmission : Pour lui, son identité franco-sénégalaise est un moteur quotidien dans sa gestion humaine à Rennes.

4. Stade Rennais : la vérité des chiffres

Malgré les critiques sur le début de saison des Bretons, Habib Beye reste factuel et serein sur son bilan :

1. Solidité : Avec seulement trois défaites en 16 journées, Rennes est l’une des équipes les plus dures à battre derrière le PSG.
2. Management : Il assume ses choix forts (mises à l'écart temporaires de Seko Fofana ou Ludovic Blas) pour privilégier la performance à l'entraînement et la fraîcheur mentale.
3. Objectif : L'Europe reste la priorité absolue, et la dynamique actuelle de victoires valide son projet entamé il y a 11 mois.

5. Le « Maître de son destin »

Seul entraîneur africain actuellement en poste dans les cinq grands championnats européens, Beye refuse l'étiquette d'« anomalie sympathique » autrefois utilisée par son mentor, Pape Diouf.

1. Légitimité par le travail : Il rappelle avoir gravi tous les échelons, du National aux diplômes français obtenus sur quatre ans.
2. Message à la jeunesse : « Je ne laisserai personne définir mon avenir. Si on ferme une porte, je trouverai un moyen de rentrer. » Son ambition est claire : briser les plafonds de verre pour inspirer les futures générations d'entraîneurs issus de la diversité.