Le représentant spécial de l'Union européenne pour le Sahel, João Cravinho, a lancé un avertissement ferme depuis Accra, au Ghana : la sécurité de l'Europe est en danger direct face à l'expansion du jihadisme dans la région sahélienne, désormais désignée comme l'épicentre mondial du terrorisme.

L'expansion jihadiste : un fléau qui ne connaît pas de frontières

S'appuyant sur le dernier Indice mondial du terrorisme, l'UE souligne l'urgence de la situation. Le Sahel est devenu la zone la plus touchée par le terrorisme, en raison des insurrections menées par des groupes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Selon João Cravinho, l'idée que ces menaces restent confinées au Sahel est une illusion. « Une chose que nous savons au sujet des organisations terroristes […] c’est qu’elles ne restent pas où elles sont, » a-t-il affirmé. L'extension de leur influence vers le Sud, notamment dans des États côtiers comme le Togo et le Bénin, confirme cette dynamique.

Explosion des attaques et instabilité politique

Les chiffres témoignent de la gravité de la crise :

1. Le nombre d'attaques jihadistes est passé de 1 900 en 2019 à plus de 5 500 en 2024, avec un décompte déjà à 3 800 avant octobre 2025.
2. Ces violences se déploient sur une zone d'insécurité qui représente désormais l'équivalent de deux fois la taille de l'Espagne.
3. L'ONG Acled estime que ces conflits ont déjà fait quelque 76 900 morts.

En outre, le représentant de l'UE a souligné que la vague de coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, et leur décision de se retirer de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), ont « complètement changé la donne ».

Migrations et réévaluation des partenariats

Au-delà de la menace sécuritaire directe, le chaos au Sahel génère également des inquiétudes pour l'Europe concernant « les flux migratoires non réglementés ».

Face à cette nouvelle donne, l'UE cherche à établir de nouvelles formes de coopération avec les pays voisins du Sahel, tels que le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, qui sont confrontés à un afflux de populations déplacées.

Malgré les profondes divergences politiques engendrées par les putschs, l'UE maintiendra le dialogue avec les juntes au pouvoir. João Cravinho prévoit de retourner au Mali, au Burkina Faso et au Niger, affirmant la nécessité de « trouver de nouvelles façons de travailler ensemble sur les défis communs » et d'établir un « nouveau type de relations ».

Le rôle de la Russie mis en cause

Interrogé sur la dépendance croissante du Mali envers la Russie, le représentant de l'UE s'est montré critique quant à l'efficacité du partenariat russe. « La Russie n’est pas en mesure d’apporter les solutions dont les Maliens ont besoin, » a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous avons constaté que depuis leur arrivée, la situation s’est aggravée ».