Des manifestants se sont réunis à Londres, au Royaume-Uni, mercredi, pour exprimer leur solidarité avec les habitants du Soudan. Le rassemblement, organisé devant Downing Street, intervient dans un contexte d'escalade du conflit brutal qui ravage le Soudan depuis deux ans.

La manifestation visait à attirer l'attention sur la nouvelle phase dangereuse de la guerre, notamment suite à des allégations d'atrocités commises par les Forces de soutien rapide (RSF). Elhussein Yassin, l'un des manifestants, a dénoncé le silence de la communauté internationale et des gouvernements britannique et américain face aux meurtres perpétrés.

« Ces trois derniers jours, de nombreuses personnes ont été tuées par les milices des Forces de soutien rapide (RSF), par les milices Janjaweed, par Hemedti [Mohamed Hamdan Dagalo], avec des armes émiraties. Le monde entier et les gouvernements britannique et américain restent silencieux », a-t-il déclaré. M. Yassin a affirmé que plus de 2 000 personnes avaient été tuées par les milices Janjaweed, accusant la RSF de commettre un génocide. Il a insisté : « Nous sommes ici pour soutenir notre peuple, car cette terre est la terre soudanaise, pas celle de Hemedti ou de la RSF. »

Cette semaine, les forces paramilitaires de la RSF ont consolidé leur contrôle sur l'ensemble de la région du Darfour, après avoir chassé l'armée soudanaise de son dernier bastion. Les combats pour le contrôle du Soudan ont déjà coûté la vie à plus de 40 000 personnes et engendré la pire crise humanitaire mondiale, avec plus de 14 millions de déplacés.

Un autre manifestant, Ziyad Kashan, a témoigné des crimes de la RSF, évoquant des maisons brûlées et des quartiers entièrement incendiés, comme Bahri à Khartoum. « C'est très décourageant de ne pas pouvoir retourner dans mon pays qui me manque de tout mon cœur », a-t-il confié.

Les manifestants londoniens ont également appelé au boycott des Émirats arabes unis, accusés de soutenir la RSF, une allégation que les Émirats nient. Ils ont scandé « Nous exigeons un Soudan libre » tout en brandissant des drapeaux soudanais.

La prise d'El-Fasher, capitale provinciale du Nord-Darfour, par la puissante force arabe fait craindre une nouvelle partition de la troisième plus grande nation d'Afrique. Cette inquiétude rappelle l'indépendance du Sud-Soudan, riche en pétrole, survenue il y a près de 15 ans après des années de guerre civile.