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N’Djamena : L'Incendie Des Marchés, Chronique D’un Échec Annoncé

Auteur: Ivoirematin

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N’Djamena : L'Incendie Des Marchés, Chronique D’un Échec Annoncé

L'actualité des marchés de N’Djamena n'est plus un événement, c'est un rituel macabre. Année après année, la capitale tchadienne offre le même spectacle désolant : des panaches de fumée noire qui déchirent le ciel, des cris de détresse de commerçants ruinés, et les cendres encore chaudes d’un poumon économique. La douleur collective est devenue une routine, et les questions, de plus en plus amères. Pourquoi cette fatalité se répète-t-elle sans cesse ?

🏗️ La Bombe à Retardement Urbanistique

Le premier coupable est l'environnement lui-même. Les grands marchés de N’Djamena ne sont pas le fruit d’une planification urbaine, mais le résultat d’une prolifération anarchique. Ce sont des labyrinthes de fortune où chaque échoppe est collée à la suivante.

Le mythe du « marché traditionnel » cache une réalité dangereuse : celle de structures improvisées, sans allées de sécurité ni dispositifs anti-incendie. En d'autres termes, ce ne sont pas des lieux de commerce, mais des pièges inflammables géants où le feu, une fois parti, est impossible à contenir.

De plus, l'état des installations électriques défie toute logique. Des câbles dénudés traînent au sol, s’entremêlent comme des lianes sous la pluie et sous les pas des clients. Il est inconcevable que l’épicentre du commerce de la capitale soit géré avec une négligence qui serait inacceptable dans le plus petit des dépôts privés.

💰 La Mairie : Encaissements Sans Prévention

Face à cette vulnérabilité, l'absence de l'autorité publique est la plus cinglante des accusations. La présence de la mairie est, pour l'essentiel, limitée à la collecte quotidienne et mensuelle de taxes et de redevances. La machine fiscale tourne à plein régime, mais le reste est à l'arrêt.

  1. Zéro Sécurité : Pas de système de surveillance opérationnel.
  2. Zéro Organisation : Pas de plan de circulation ni d'accès d'urgence.
  3. Zéro Contrôle : Pas d'équipe permanente de vérification des normes électriques et sanitaires.
  4. Zéro Prévention : Pas de brigade anti-incendie dédiée pour une réaction immédiate.

Comment peut-on justifier qu'un lieu générant des milliards de francs CFA en flux économiques par mois soit livré au hasard le plus total ? Le rôle d'une municipalité va au-delà du simple guichet de perception ; il est d’abord de protéger, de réglementer et d'organiser. À N'Djamena, ce devoir essentiel semble s’être volatilisé.

🤝 L’Indiscipline Comme Risque Collectif

Certes, les commerçants ne sont pas exempts de tout reproche. Branchements électriques sauvages, extensions de boutiques au mépris des quelques mètres d’allée restants, stockage de marchandises périlleux... l'indiscipline est une réalité.

Cependant, dans toute ville fonctionnelle, l’autorité publique est là pour transformer l’indiscipline individuelle en respect des normes collectives. Le vrai problème n’est pas l’incivisme des commerçants, mais l'absence d'un cadre réglementaire fort.

  1. S’il y a des règles, elles sont ignorées.
  2. Si elles sont imposées, elles ne sont jamais contrôlées.

Le laxisme de la gestion communale permet à chacun de bâtir et de se raccorder à sa guise, créant cet enchevêtrement explosif qui finit immanquablement par s’embraser.

💡 Il Faut Changer de Modèle, Maintenant

Les marchés de N’Djamena sont bien plus que des tas de tôles et de bois : ils sont le moteur de l'économie informelle, le gagne-pain de milliers de familles. Les laisser brûler, c'est accepter la destruction progressive d'une large part de l'activité économique tchadienne.

L'heure n'est plus au constat, mais à une refonte complète de la gestion urbaine.

  1. Protéger les marchés, c’est protéger la stabilité économique.
  2. Prévenir les incendies, c’est respecter la dignité humaine.
  3. Organiser l’espace public, c’est bâtir l'avenir de la capitale.

La leçon est tragique, mais elle est claire. Le Tchad doit enfin passer de la routine des larmes à une véritable politique de la prévention. L'inaction est désormais complice.

Auteur: Ivoirematin
Publié le: Vendredi 05 Décembre 2025

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