Ouganda : L'arrestation d'un prêtre catholique attise les tensions à l'approche de la présidentielle
L'inquiétude monte en Ouganda après que l'armée a finalement reconnu détenir le Père Deusdedit Ssekabira, près de deux semaines après son enlèvement présumé. Accusé d'« activités subversives violentes », cette affaire, révélée à un mois de l'élection présidentielle, met en lumière le durcissement du climat sécuritaire et les pressions exercées sur l'opposition.
La reconnaissance tardive de l'armée
Le Père Ssekabira a été enlevé le 3 décembre 2025 à Masaka (centre de l'Ouganda) par des hommes en uniforme militaire, selon sa paroisse. Pendant près de deux semaines, les autorités, y compris la police locale, ont nié toute implication, affirmant n'avoir reçu aucune plainte formelle.
Le 14 décembre, l'armée ougandaise (UPDF) a mis fin à ce silence. Dans un communiqué, l'UPDF a confirmé la détention du prêtre dans le cadre d'« enquêtes criminelles en cours ». Elle assure que l'arrestation est « légale » et qu'il sera présenté devant la justice, sans toutefois fournir de détails précis sur la nature des faits reprochés, au-delà de la vague accusation d'« activités subversives violentes ».
Un climat électoral tendu
- Dénonciation de l'opposition : L'opposant majeur Bobi Wine (alias Robert Kyagulanyi) a immédiatement dénoncé une nouvelle disparition forcée, affirmant que de nombreux partisans de son parti, le National Unity Platform (NUP), ont été arrêtés ou ont disparu récemment. Pour lui, ces pratiques deviennent « la norme » à l'approche du scrutin.
- Vague accusation : Selon l'analyste ougandais Livingstone Ssewanyana, la qualification d'« activités subversives » est volontairement imprécise, souvent liée au soutien à Bobi Wine et au NUP.
- Effet dissuasif redouté : M. Ssewanyana craint que la détention du Père Ssekabira ne vise à « faire taire » d'autres prêtres catholiques de la région de Masaka, connus pour leurs critiques ouvertes envers le président Yoweri Museveni.
L'Émotion et les Appels à l'État de droit
L'annonce a provoqué une vive émotion au sein de l'Église catholique :
- Le Diocèse de Masaka a parlé d'« une blessure grave infligée au diocèse et à l’ensemble de l’Église ».
- Mgr Serverus Jjumba, évêque de Masaka, s'est dit soulagé de savoir le prêtre en vie, mais attend de le « voir physiquement » et de s'entretenir avec les autorités pour obtenir des éclaircissements sur les accusations. Il a également rappelé un douloureux précédent : l'enlèvement d'un autre prêtre en 1976, qui n'avait jamais été retrouvé.
- Le Conseil interreligieux d’Ouganda a condamné l'enlèvement et la détention arbitraire, par la voix de son secrétaire général, Joshua Kitakule. Il a appelé les autorités à respecter strictement les procédures judiciaires et à garantir que les personnes arrêtées soient traitées avec dignité et présentées rapidement devant un tribunal.
Auteur: Ivoirematin
Publié le: Mardi 16 Décembre 2025
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