Rwanda : La Banque de France accusée de complicité de génocide pour 3,17 millions de francs
Le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) a déposé une plainte auprès du Pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris, accusant la Banque de France de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité.
Révélée par Libération et confirmée par l’AFP, cette plainte vise à établir si la banque centrale française a validé des transferts de fonds qui auraient, directement ou indirectement, soutenu les forces génocidaires rwandaises en 1994.
L'accusation porte sur des opérations financières menées entre mai et août 1994, période durant laquelle les Nations unies venaient d'imposer un embargo sur les ventes d’armes au Rwanda.
Selon les plaignants, ces fonds auraient été essentiels pour permettre aux autorités rwandaises de maintenir leurs communications alors que le génocide des Tutsi faisait rage.
Les documents versés au dossier mettent en lumière plusieurs bénéficiaires, dont la société française Alcatel. Un virement retient particulièrement l'attention du CPCR :
Le 5 mai 1994, un paiement de 435 000 francs aurait été effectué pour l’achat de téléphones satellites. Plusieurs témoignages indiquent que ces équipements ont servi au gouvernement intérimaire pour garder un lien avec l'extérieur et coordonner ses actions génocidaires.
Pour les avocats du CPCR, cette affaire met en évidence que le génocide ne reposait pas uniquement sur les massacres de terrain. Ils rappellent que les décisions administratives prises à distance ont également alimenté la machine génocidaire.
Ils dénoncent la banalité des actes effectués depuis des bureaux en France, loin du sang, mais cruciaux pour le fonctionnement du régime rwandais de l’époque.
Interrogée, la Banque de France a indiqué n'avoir pu mener que des recherches sommaires pour l'instant.
Le génocide des Tutsi a coûté la vie à plus de 800 000 personnes entre avril et juillet 1994, selon l'ONU.
Cette plainte s'inscrit dans un ensemble de démarches visant à faire la lumière sur les responsabilités internationales dans cette tragédie, et pourrait ouvrir un nouveau chapitre judiciaire sur l'un des épisodes les plus sombres de la fin du XXᵉ siècle.
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