Calendar icon
Friday 31 October, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Soudan : L'horreur à El-Fasher ravive la crainte d'un génocide au Darfour Les massacres d'El-Fasher

Auteur: Ivoirematin

image

Soudan : L'horreur à El-Fasher ravive la crainte d'un génocide au Darfour Les massacres d'El-Fasher

Deux jours après la prise d'El-Fasher, capitale du Darfour-Nord au Soudan, par les Forces de soutien rapide (FSR), des récits d'atrocités massives et l'éventualité d'un nouveau génocide soulèvent l'alarme internationale. Selon la Coordination soudanaise des comités de résistance, une ONG, les combattants des FSR auraient « exécuté de sang-froid » les malades et les blessés de l'hôpital Al-Saoudi, les tuant ou les laissant sans soins.

Des images satellites analysées par le Humanitarian Research Lab de l'École de santé publique de Yale sont venues corroborer ces rapports, révélant la présence d'un « amas d’objets correspondant à la taille de corps humains et une décoloration rougeâtre du sol » à proximité des hôpitaux d’El-Fasher.

Plusieurs sources, difficiles à vérifier en raison des coupures de communication satellitaire imposées par les FSR, estiment qu'entre 2 000 civils auraient été massacrés au cours des trois derniers jours. Une femme ayant réussi à fuir a témoigné que les FSR avaient "tout pris" et pratiquaient des "tests militaires" : "si quelqu’un montrait la moindre connaissance ou connexion avec l’armée, il était immédiatement exécuté". Ces massacres sont dénoncés par le HRL comme un « processus systématique et intentionnel de nettoyage ethnique. »

Un conflit aux conséquences humanitaires désastreuses

Ces atrocités marquent une nouvelle escalade du conflit qui déchire le Soudan depuis avril 2023. Cette guerre oppose les Forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhan aux FSR, commandées par Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemeti. Le conflit est né d'une dispute concernant l'intégration des miliciens des FSR au sein de l'armée nationale.

Le Soudan, pays riche en ressources, est aujourd'hui confronté à la pire crise humanitaire et de déplacement au monde, selon l'IRC. Sur 51 millions d'habitants, environ 14 millions ont été déplacés. Les Nations Unies estiment que le nombre de victimes se situerait entre 20 000 et 150 000 morts, avec la famine et les épidémies comme le choléra qui sévissent.

Après la chute d'El-Fasher, le contrôle territorial des FSR s'étend sur la majeure partie du Darfour et une partie du Sud, tandis que les FAS conservent Khartoum, le Nord et le Centre.

Les FSR et l'héritage du génocide

Les organisations humanitaires internationales appellent les FSR à ouvrir des couloirs humanitaires pour les quelque 177 000 civils toujours piégés dans la ville.

Hager Ali, chercheur à l’Institut allemand GIGA pour les études globales et régionales, explique la stratégie des FSR comme une volonté "d’humilier les FAS en s’en prenant aux civils" et de "terroriser les populations civiles dans les zones qu’elles contrôlent".

Malgré les accusations de violations des droits humains qui pèsent sur les deux camps, les FSR sont particulièrement visées. Shayna Lewis, spécialiste du Soudan, affirme que leurs "politiques génocidaires sont systématiques", soulignant que le meurtre de patients et de personnel médical est leur « marque de fabrique ».

Ces craintes sont d'autant plus vives que les FSR sont issues des milices Janjawid, responsables des violences extrêmes et des massacres à caractère ethnique au Darfour entre 2003 et 2005. À l’époque, sous le régime d’Omar el-Béchir, ces milices arabes avaient massacré environ 300 000 civils considérés comme Africains. Le procureur de la CPI, l'ONU et plusieurs États avaient alors qualifié ces actes de génocide.

La diplomatie internationale en échec

L'Alliance fondatrice du Soudan (TASIS), créée par les FSR et d'autres groupes armés pour établir un « gouvernement de paix et d’unité » dans les zones sous leur domination, a rejeté les accusations, les qualifiant de fabrications des "médias du mouvement islamique". Une tentative, selon la chercheuse soudanaise Leena Badri, de "légitimer politiquement leurs structures parallèles de gouvernance".

La persistance du conflit est fortement influencée par les soutiens externes des belligérants. Les observateurs indiquent que les FSR bénéficieraient de livraisons d’armes des Émirats arabes unis (EAU) via le Tchad, ce que les EAU démentent. Les FAS sont pour leur part soutenues par l’Égypte et le Qatar.

L'importance stratégique et les ressources naturelles, notamment l'or, du Darfour sont cruciales pour les FSR, leur permettant de contourner les sanctions et d'acheter des armes. Le chercheur Hager Ali conclut que pour garantir le transport de ces armes, les FSR "cherchent à contrôler totalement la population civile du Darfour."

Auteur: Ivoirematin
Publié le: Vendredi 31 Octobre 2025

Commentaires (0)

Participer à la Discussion