Crise au PPA-CI : le boycott des législatives déclenche une tempête interne
Selon plusieurs sources citées par Jeune Afrique, le communiqué annonçant le boycott des législatives du 27 décembre par le PPA-CI aurait été publié sans la validation finale de Laurent Gbagbo, qui souhaitait y apporter des modifications. Une situation qui a plongé le parti dans une crise profonde.
Le 6 novembre, lors de la réunion du comité central, l’instance suprême du parti devait trancher sur la participation ou non aux législatives. Tard dans la soirée, la décision de boycotter le scrutin est finalement annoncée. Mais à peine la réunion terminée, le communiqué circule déjà en ligne. Un député présent ce jour-là confie à Jeune Afrique que le texte ne reflétait pas entièrement les débats et que Gbagbo avait demandé des ajustements avant toute publication. Plusieurs cadres sanctionnés évoquent même l’existence de deux versions successives du communiqué, ce qu’ils qualifient de « mascarade ».
Le 19 novembre, l’affaire prend une tournure explosive : 22 cadres du parti, dont des députés et des maires, sont révoqués pour avoir refusé d’appliquer le mot d’ordre du boycott. Le lendemain, la Ligue des jeunes est dissoute. Une vague de sanctions qui met en lumière les divergences internes. Certains cadres assurent que le Conseil stratégique et politique, présidé par Justin Koné Katinan, s’était d’abord prononcé pour la participation aux législatives, contrairement au secrétariat général et au comité central.
Contacté par Jeune Afrique, le président exécutif du parti, Sébastien Dano Djédjé, défend la décision de boycotter les élections et rejette toute accusation de procédure biaisée. Il reconnaît cependant avoir demandé aux responsables de préparer leurs dossiers de candidature avant la réunion du 6 novembre, estimant que le délai très court laissait planer l’incertitude sur la décision finale. Lui-même avait déposé son dossier à Gagnoa. Mais une fois le boycott acté, affirme-t-il, il s’est conformé à la décision, invitant chacun à en faire autant.
Selon plusieurs cadres sanctionnés, plus d’une centaine de responsables auraient tout de même soumis leurs candidatures, parmi lesquels Stéphane Kipré, ancien vice-président exécutif et proche de Laurent Gbagbo. Ce dernier assure que le président du parti avait, en amont, donné instruction de préparer la participation aux législatives et confirmé la reconduction de la plupart des députés sortants.
Derrière ce bras de fer, certains voient une bataille plus large : celle de la succession de Laurent Gbagbo, âgé de 80 ans et inéligible à la présidentielle. Plusieurs figures du parti auraient préféré se ranger derrière la ligne officielle pour ne pas se mettre en marge de la base, encore très attachée à l’ancien président. Trois noms sont régulièrement cités dans cette guerre de succession : Justin Koné Katinan, Hubert Oulaye et Jean Gervais Tcheidé. Sébastien Dano Djédjé, lui, serait affaibli et moins présent dans les manœuvres internes.
Pour plusieurs cadres révoqués, aucune coïncidence : certains responsables auraient œuvré pour empêcher la participation du parti aux législatives afin de consolider leurs positions dans la lutte interne. « Il y a des manigances. Ils savent très bien ce qu’ils font », confie l’un d’eux, amer face à ce qu’il considère comme un calcul politique bien orchestré.
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