La nuit électorale à Tengréla, dans le nord de la Côte d’Ivoire, a été marquée par de vives tensions. Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montre la députée sortante du RHDP, Mariam Traoré, au cœur d’une altercation dans les locaux de la Commission électorale locale, autour de la gestion des procès-verbaux de vote.

Sur les images, filmées de nuit dans une ambiance tendue, Mariam Traoré exige de consulter les procès-verbaux. Un agent de la CEI lui présente alors deux bacs rouges, l’un destiné à la commission centrale et l’autre au Conseil constitutionnel, précisant que les documents se trouvent dans des enveloppes scellées.

La députée se penche, saisit des documents dans le premier bac, puis se tourne vers le second qu’elle emporte avant de se diriger vers la sortie. Des protestations éclatent aussitôt dans la salle. Des agents des forces de l’ordre, positionnés à l’entrée, lui barrent le passage, provoquant une montée rapide de la tension.

Une bousculade s’ensuit. Visiblement très remontée, Mariam Traoré revient sur ses pas et lance des propos virulents à l’endroit de plusieurs personnes présentes. Sur d’autres séquences de la vidéo, elle est aperçue menaçant de gifler un homme, présenté comme un agent de la CEI ou un représentant de candidat.

Dans la confusion, les forces de l’ordre parviennent à récupérer une partie des documents. Certains procès-verbaux, toutefois, auraient été déchirés au cours de l’incident.

Ces faits interviennent dans un contexte politique délicat pour la députée sortante, candidate à sa propre succession à Tengréla lors des élections législatives de décembre 2025. À ce stade, la Commission électorale indépendante n’a pas encore publié les résultats officiels dans la circonscription.

Conformément à l’article 39 du code électoral, la publication ou la diffusion de résultats ou de tendances par des personnes non habilitées est strictement interdite. Sur les réseaux sociaux, des informations non officielles évoquent cependant un net recul de Mariam Traoré face à des candidats indépendants.

Élue pour la première fois en 2011 sous la bannière du RDR, puis réélue en 2016 et en 2021 sous les couleurs du RHDP, Mariam Traoré totalise trois mandats consécutifs à l’Assemblée nationale. Une éventuelle défaite marquerait la fin d’un long cycle politique à Tengréla.

Personnalité controversée, la députée a souvent fait parler d’elle. En 2019, une vidéo devenue virale la montrait proférant de graves insultes à l’encontre de Sita Coulibaly, présidente des femmes du PDCI-RDA, une affaire connue sous le nom d’« Ibièkèssè ». Malgré des excuses présentées en 2021, la polémique est restée vivace.

En juin 2021, lors d’une session du Parlement panafricain en Afrique du Sud, l’élue ivoirienne avait de nouveau été critiquée pour une réaction jugée excessive. Plus récemment, en 2025, ses déclarations musclées contre certaines figures de la société civile ont ravivé les critiques.

Paradoxalement, Mariam Traoré a également été distinguée en décembre 2025 par un prix honorifique saluant son engagement social et ses actions en faveur de la paix.

Les incidents survenus à la CEI de Tengréla posent désormais la question d’éventuelles suites judiciaires. Un précédent existe, puisqu’en octobre 2020, le procureur de la République, Adou Richard, avait annoncé l’ouverture de poursuites pour injures publiques à son encontre.

Pour l’heure, ni la Commission électorale indépendante ni la justice ivoirienne ne se sont officiellement prononcées sur les événements de Tengréla.