Tentative de coup d’État au Bénin: deux hauts gradés retenus en otage libérés, le calme de retour à Cotonou
Au Bénin, deux hauts gradés retenus en otage ont été libérés, 24 heures après avoir été kidnappés par les mutins qui avaient brièvement pris le contrôle de la télévision nationale le 7 décembre 2025. Ce dimanche soir, le président du pays a assuré que cette tentative de coup d’État ne restera pas impunie. La capitale économique du pays, elle, retrouve son calme ce lundi.
Au Bénin, plusieurs sources militaires confirment que le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Abou Issa, et le colonel Gomina Faizou, chef de la garde nationale, ont été libérés par l'armée, dans la nuit du 7 au 8 décembre 2025, vers 02h00, rapporte notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan. L'armée béninoise, qui revendique cette opération, reste discrète sur les circonstances et le lieu de leur libération. Nos sources les situent à Parakou (nord du pays), sans préciser comment ils y sont parvenus.
Ces deux officiers constituent des pièces maîtresses de l'appareil sécuritaire de Patrice Talon. Enlevés à leur domicile au début de la tentative de coup d'État déjouée, ils avaient été emmenés par les insurgés dans leur fuite.
De son côté, le chef des mutins est en fuite, « en cavale », a confié à RFI un officier après les frappes aériennes. Il est recherché. Les interlocuteurs de Radio France Internationale restent muets sur le dispositif de traque déployé.
Dimanche, sur la route reliant Cotonou au nord du pays, plusieurs voyageurs ont signalé l'érection de points de contrôle.
Le lieutenant-colonel Pascal Tigri demeure une figure peu connue des Béninois : membre des forces spéciales et artilleur de formation, il a suivi celle de capitaine en Chine.
La nuit a par ailleurs été calme dans la plus grande ville du Bénin et capitale économique du pays. Cotonou s'est réveillée sous une fine pluie tombée avant 07h00, comme un matin ordinaire : les appels à la prière des muezzins ont résonné à l'heure habituelle, les boulangeries matinales ont ouvert comme d'habitude. À 07h30, fonctionnaires du public et salariés du privé se sont rendus au travail. Les parents ont déposé leurs enfants à l'école.
Certaines voies donnant sur la route des Pêches, côté mer, restaient fermées à 06h30 TU. Et, comme s'ils s'y attendaient, les Béninois empruntaient docilement les itinéraires indiqués par la police. Mais, il y avait de gros embouteillages du côté du quartier de Cadjèhoun, par exemple, ce matin.
Prudents, certains commerçants ont préféré ouvrir leurs portes vers midi seulement, le temps d'observer la reprise des activités. Les écoles internationales, elles, restent closes et devraient, selon toute vraisemblance, rouvrir leurs portes mardi.
L'accès à la présidence et au boulevard de la Marina, encore interdit à la circulation la veille, a été rétabli. Les barrières menant au domicile de Patrice Talon sont encore en place, mais les riverains peuvent sortir et vaquer à leurs occupations.
Du côté du camp militaire de Togbin, refuge des mutins visé par des frappes aériennes nigérianes, des chars sont positionnés de part et d'autre de la rue. Le portail demeure fermé, ne laissant pas apparaître les stigmates des bombardements.
Dimanche a eu lieu une attaque du domicile du chef de l'État, une irruption à la télévision publique par des insurgés annonçant avoir destitué Patrice Talon au nom d'un « Comité militaire pour la refondation ». La riposte s'est poursuivie toute la journée de dimanche, s'achevant par des frappes aériennes sur les positions des mutins. Peu après 20h00, Patrice Talon a déclaré la situation totalement maîtrisée.
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