Cette immense « ballroom » est destinée, selon le pouvoir républicain, à recevoir les dignitaires étrangers en visite. D’une surface de 8000m2, elle sera capable d’accueillir 900 invités, et va largement emprunter à l’esthétique de Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride.

Personne ne s’attendait à de tels changements. Les travaux destinés à faire émerger de terre une salle de bal à la Maison Blanche ont débuté ce lundi, et ils ont choqué de nombreux Américains. Sur les premières photos publiées par les médias, on découvre que la totalité de la façade est de l’édifice a été détruit, laissant découvrir l’intérieur de l’immeuble. L’aile est abritait jusque-là les bureaux de la Première Dame.

« C’est une profanation et une abomination, a ainsi déclaré Ron Filipkowski, une ancienne personnalité politique républicaine, désormais critique de Donald Trump, résumant la pensée générale. Il commence par publier une vidéo d’intelligence artificielle où on le voit, coiffé d’une couronne, jeter des excréments sur la tête des Américains, puis il entreprend de démolir une partie de la Maison Blanche pour y installer sa salle de bal de style Mar-a-Lago. »

Les changements ont particulièrement choqué car Donald Trump avait toujours soutenu, jusque-là, que l’édifice ne serait pas touché. La « ballroom » était censée se poser contre le bâtiment existant. « Voir la Maison Blanche être éventrée de la sorte est tellement emblématique de la période que nous vivons », a quant à elle posté sur X la sénatrice démocrate du Minnesota Tina Smith. « Il déchiquette la Maison Blanche tout comme il déchiquette la Constitution », a quant à lui posté dans la soirée le Gouverneur de Californie Gavin Newsom.

Seeing the White House torn apart is really emblematic of the times we’re in pic.twitter.com/vR1iIOro3I

— Tina Smith (@SenTinaSmith) October 20, 2025

« Contraire à la vision des Pères fondateurs »

Le compte X du parti démocrate s’est voulu encore un peu plus clair : « Trump démolit l’aile Est de la Maison Blanche pour construire une salle de bal dorée de 250 millions de dollars pour lui-même et ses donateurs ».

Donald Trump a tenté de limiter les dégâts, via un message se voulant apaisant sur ses réseaux sociaux dans la soirée : « Complètement séparée de la Maison Blanche elle-même, l’aile Est est entièrement modernisée dans le cadre de ce processus et sera plus belle que jamais une fois terminée ! », a-t-il promis.

Cette immense salle de bal est destinée, selon le pouvoir républicain, à accueillir les dignitaires étrangers en visite. D’une surface de 8000m2, elle sera capable d’accueillir 900 invités, et va largement emprunter à l’esthétique de Mar-a-Lago : colonnes corinthiennes, chandeliers et feuilles d’or sont prévus aux quatre coins de ce nouvel édifice.

« C’est contraire à la vision des Pères Fondateurs de l’Amérique », a averti dans nos colonnes Edward Lengel, historien, ancien responsable (2016 à 2018) de la White House Historical Association, la fondation privée qui veille à la préservation de l’histoire de la Maison Blanche.

« Avant d’être un lieu de pouvoir, la Maison Blanche a d’abord été une résidence pour les Présidents, mais aussi symboliquement la maison du peuple, a poursuivi l’historien. Jusqu’à la guerre civile (1861-1865), elle était accessible aux Américains, qui pouvaient y entrer sans aucun contrôle de sécurité. Elle avait été pensée comme un contraste au palais de Versailles. Elle ne devait pas être au-dessus des gens. En faire un lieu pour distraire les dignitaires et les élites est à l’opposé de ce que la Maison Blanche symbolise pour les Américains. »

Donald Trump prétend qu’une telle salle, capable d’accueillir plusieurs centaines de personnes, manquait à la Maison Blanche. Il soutient aussi que la construction ne va rien coûter aux contribuables américains : les 200 millions de dollars ont été financés par des mécènes. « Il ne faut pas croire qu’il s’agit là d’un cadeau : c’est surtout qu’en cas de financement public, il aurait dû passer devant le Congrès pour obtenir les fonds, et ces changements n’auraient jamais été acceptés par les élus », pointe Edward Lengel, qui estime qu’un tel changement poursuit surtout une autre visée : « Il veut quelque chose qui va être là pendant longtemps, et qui soit plus grand que ce que ses prédécesseurs ont fait. »

Les premières images de synthèse montrent en effet une disproportion assez surprenante entre la taille du bâtiment actuel et celle de la future salle de bal.