Selon les informations de Jeune Afrique, la configuration des législatives du 27 décembre prochain connaît un tournant inattendu : la liste des candidats du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), initialement très ambitieuse, s’est considérablement réduite sans la moindre explication officielle.

Mi-novembre, le principal parti d’opposition annonçait fièrement 205 candidats répartis dans presque toutes les circonscriptions du pays, affichant une volonté claire de reconquête nationale, y compris dans l’extrême nord, traditionnel bastion du RHDP. Les militants avaient salué une liste « diversifiée » et représentative de toutes les régions.

Mais la liste finale publiée par la Commission électorale indépendante (CEI) prend tout le monde à contre-pied : le PDCI ne comptera finalement que 130 candidats, essentiellement concentrés dans la moitié sud du territoire.

Dans les régions septentrionales du Poro, du Tchologo, du Folon, de la Bagoué ou du Bounkani, le parti n’aligne plus que deux candidats, et aucun dans des villes majeures comme Ferkessédougou ou Korhogo. Plus surprenant encore, le PDCI renonce également à présenter des candidats dans plusieurs grandes localités pourtant historiquement favorables à l’opposition, telles que Daloa, Bouaké-ville, Man, Adzopé ou Guiglo.

Ce repli soudain soulève de nombreuses interrogations. S’agit-il d’un arbitrage budgétaire imposé par un manque de ressources ou d’un choix stratégique face à l’hégémonie du RHDP, qui avait remporté 137 sièges sur 255 en 2021, notamment la totalité des sièges du nord ? Dans ces régions, l’opposition au parti au pouvoir sera d’ailleurs essentiellement portée par les candidats indépendants, qui représentent près de 60 % des candidatures validées par la CEI.

Le PDCI doit par ailleurs gérer des dissidences internes. Plusieurs cadres écartés ont choisi de se lancer en indépendants, à l’image de Maurice Kakou Guikahué, ancien secrétaire exécutif en chef et député de Gagnoa depuis 2016, qui se présente « par devoir » après avoir dénoncé publiquement les méthodes internes et la lenteur du processus de sélection des candidats. À Daoukro, fief d’Henri Konan Bédié, le député sortant Olivier Akoto, lui aussi non retenu, a opté pour une candidature sans étiquette.



En 2021, le PDCI, alors allié aux pro-Gbagbo d’EDS, avait obtenu cinquante sièges. Quatre ans plus tard, affaibli par des tensions internes et par l’absence d’un candidat à la présidentielle d’octobre – conséquence de l’inéligibilité de Tidjane Thiam, qui supervise aujourd’hui la stratégie du parti depuis Paris –, il joue sa survie politique. Reste à savoir combien de sièges il pourra sauver avec une présence électorale réduite de presque moitié. Le verdict tombera le 27 décembre.