Quelques semaines avant la présidentielle du 25 octobre dernier, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ont repris contact après plus d’un an et demi de silence. Selon Jeune Afrique, les deux anciens chefs d’État s’étaient parlé au téléphone à la fin du mois de juillet, un échange jugé « cordial » par leurs proches.

De retour de France, le président Ouattara avait appelé son prédécesseur le 16 juillet. Il souhaitait prendre de ses nouvelles et évoquer la situation politique du pays à l’approche du scrutin. Le chef de l’État avait également invité Gbagbo à assister au défilé du 65e anniversaire de l’indépendance, le 7 août à Bouaké. Ce dernier avait décliné l’invitation, mais les deux hommes avaient convenu de maintenir le contact.

Laurent Gbagbo, à la tête du PPA-CI, avait alors confirmé sa volonté de participer à la présidentielle, malgré son inéligibilité liée à sa condamnation dans l’affaire du « casse » de la BCEAO. Radié des listes électorales, il réclamait toujours sa réinscription, dénonçant une injustice politique. Plusieurs figures de l’opposition, comme Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, se trouvaient dans la même situation.

Le dernier échange direct entre les deux hommes remontait à février 2024, lorsque Gbagbo avait appelé Ouattara pour le remercier d’avoir gracié le général Bruno Dogbo Blé et d’autres détenus. Depuis, les discussions passaient par des intermédiaires politiques, religieux ou diplomates.

Déjà en 2022, Ouattara avait accordé une grâce présidentielle à son prédécesseur, sans pour autant lui restituer ses droits civiques. Seule une amnistie complète pourrait lui permettre de se présenter à une élection.

Autrefois alliés contre Henri Konan Bédié à la fin des années 1990, Ouattara et Gbagbo avaient donc renoué le dialogue dans un contexte électoral tendu.

À cette période, Laurent Gbagbo s’était rapproché de Tidjane Thiam, président du PDCI, au sein du « Front commun », une alliance de l’opposition réclamant des élections inclusives. Il promettait alors de poursuivre un combat « pacifique » pour réintégrer le jeu électoral. De son côté, Alassane Ouattara, qui briguait un nouveau mandat, assurait vouloir garantir un scrutin « apaisé et sécurisé ».

Leur échange, intervenu avant le scrutin d’octobre, apparaissait comme un signe d’apaisement dans un climat politique sous tension.