Le tribunal de Bamako a vu comparaître ce 23 décembre 2024 l’homme politique malien Issa Kaou N’Djim, accusé d’avoir offensé les autorités burkinabè. Il a plaidé non coupable pour les faits dont il est reproché.
L’accusation d’offense envers le Burkina soulevée à l’encontre de Kaou N’Djim remonte à une émission télévisée diffusée le 10 novembre 2024 sur Joliba TV News. Lors de ce débat, celui-ci avait émis des doutes sur l’authenticité d’une tentative de coup d’État déjouée au Burkina Faso, la qualifiant de « mise en scène orchestrée ». Ses déclarations, relayées massivement sur les réseaux sociaux, ont provoqué une vive indignation à Ouagadougou, poussant le Conseil supérieur de la communication burkinabè à déposer une plainte officielle.
En réaction, la Haute autorité de la communication (HAC) du Mali a également pris des mesures, d’abord en retirant la fréquence de la chaîne avant de revenir sur sa décision pour suspendre Joliba TV News pour une durée de six mois. Cette décision, décriée par certains observateurs comme un frein à la liberté de presse, s’inscrit dans un contexte où les autorités maliennes cherchent à préserver leurs relations diplomatiques avec leurs voisins.
Issa Kaou N’Djim a été arrêté le 13 novembre 2024 et placé sous mandat de dépôt à Bamako. Selon le procureur, les propos tenus constituent une « offense publique envers un chef d’État étranger », une infraction punissable par la loi malienne. Pour d’autres, cette arrestation soulève des interrogations sur l’équilibre entre liberté d’expression et respect des institutions étrangères.
L’accusé, lors de sa comparution, a plaidé non coupable, affirmant que ses paroles avaient été mal interprétées et qu’il n’avait jamais cité nommément le président burkinabè, Ibrahim Traoré. S’excusant pour tout malentendu, il a toutefois insisté sur la nécessité d’un débat critique dans les médias.
Cette affaire dévoile les tensions récurrentes entre souveraineté nationale et liberté d’expression dans une région sahélienne en quête de stabilité. Le Burkina Faso et le Mali, liés par des défis sécuritaires communs, se retrouvent face à des enjeux où les frontières entre diplomatie et liberté de presse se brouillent.
Des organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International, ont dénoncé la détention prolongée de N’Djim, appelant au respect des droits fondamentaux. En parallèle, des acteurs politiques maliens, tout en défendant la souveraineté nationale, expriment leur inquiétude quant aux répercussions potentielles sur la liberté de parole.
Un procès très attendu
Le procès, reporté au 12 février 2025, sera un moment décisif. Il pourrait établir un précédent important, non seulement pour les relations Mali-Burkina Faso, mais aussi pour la manière dont les autorités sahéliennes traitent les discours critiques dans les médias.
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