Affaire Zuma : La fille de l'ancien président au cœur d'un scandale explosif de mercenariat en Russie
Pretoria, Afrique du Sud – La police sud-africaine a ouvert une enquête majeure visant Duduzile Zuma-Sambudla, fille de l'ancien président Jacob Zuma, pour le recrutement présumé de 17 ressortissants sud-africains envoyés combattre aux côtés des forces russes en Ukraine.
L'affaire, qui embarrasse profondément le gouvernement de Pretoria, a été déclenchée par une plainte inattendue émanant de la propre famille Zuma : Nkosazana Bonganini Zuma-Mncube, demi-sœur de Duduzile, a déposé une déclaration sous serment samedi 22 novembre, affirmant que huit des hommes piégés sont ses proches.
Les faits remontent à juillet, lorsque 17 hommes, âgés de 20 à 39 ans, ont quitté l'Afrique du Sud sous de faux prétextes. Ils croyaient suivre une formation de gardes du corps pour le parti uMkhonto we Sizwe (MK), fondé par Jacob Zuma.
Selon la police, la réalité était tout autre :
La brigadière Athlenda Mathe, porte-parole de la police, a confirmé que « ces hommes ont été attirés en Russie sous de faux prétextes, puis remis à un groupe de mercenaires russes pour combattre dans la guerre en Ukraine, à leur insu et sans leur consentement ».
Le dossier a été immédiatement transmis aux Hawks, l'unité d'élite de la police spécialisée dans les crimes contre l’État. La plainte allègue des violations des lois sur la traite des personnes, la réglementation de l'assistance militaire étrangère, et de la fraude.
Des messages WhatsApp consultés par Bloomberg révèlent l'inquiétude grandissante des recrues. Malgré les assurances de Zuma-Sambudla que les hommes ne seraient pas envoyés au combat, ils ont rapidement signalé qu'ils approchaient d'une zone de guerre.
« En ce moment même, nous faisons nos bagages et nous nous préparons à partir vers la zone de guerre », aurait écrit l'un des jeunes hommes à Duduzile Zuma, s’interrogeant sur la confiscation de son téléphone et de ses cartes bancaires.
Duduzile Zuma-Sambudla, députée influente du parti MK, n'a fait aucune déclaration publique et son représentant légal n’a pas répondu aux demandes de commentaires des médias.
L'affaire a pris une dimension étatique après que la Présidence sud-africaine a reçu des appels de détresse des hommes coincés au Donbass début novembre. Le président Cyril Ramaphosa a ordonné une enquête et le gouvernement s'active par voie diplomatique pour obtenir leur rapatriement.
Cette situation survient alors que l'Ukraine multiplie les mises en garde. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiga, a récemment déclaré que 1436 ressortissants africains de 36 pays avaient été identifiés dans les rangs russes. Olexander Shcherba, ancien ambassadeur ukrainien en Afrique du Sud, a lancé un appel : « Ne faites pas ça à vos mères, à vos pères et à vos sœurs. »
Rappelons qu'il est illégal pour les Sud-Africains de rejoindre une armée étrangère sans l'autorisation explicite du gouvernement. La Russie fait face à des accusations similaires de la part de l'Inde, du Népal, du Kenya et d'autres pays en développement, qui dénoncent le recrutement de leurs citoyens sous de faux prétextes.
Duduzile Zuma-Sambudla est déjà en délicatesse avec la justice. Elle est actuellement jugée devant la Haute Cour de Durban pour incitation au terrorisme et à la violence publique pour son rôle présumé dans les émeutes meurtrières de juillet 2021, qui avaient suivi l'emprisonnement de son père. Elle a plaidé non coupable dans ce procès.
Les familles des 17 hommes attendent, angoissées, des nouvelles de leurs proches piégés dans la zone de conflit.
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