Tentative de Coup d'État au Bénin : L'AES au Cœur de l'Opération de Déstabilisation ?
L'enquête sur la tentative de putsch avortée des 6 et 7 décembre au Bénin prend une dimension régionale explosive. Les premiers éléments, fuitant des services de renseignement béninois, ne désignent plus une simple mutinerie, mais une opération complexe, méticuleusement planifiée, financée et coordonnée par des membres de l'Alliance des États du Sahel (AES), notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Le scénario qui se dessine est celui d'une guerre hybride, combinant des financements occultes, le recrutement de mercenaires et une campagne d'influence en ligne massive, visant à renverser le président Patrice Talon.
Le cœur de l'opération réside dans son financement. Les enquêteurs ont retracé des transferts d'argent par mobile money vers le Bénin, dont l'origine remonterait au Niger.
Ces mouvements de fonds « structurés » mettent en cause le général Abdourahamane Tiani, chef de l'État du Niger, comme le commanditaire extérieur. Selon une source, cet ensemble d'indices démontre « un commandement clair et une stratégie cohérente intégrée à une vision régionale. »
Le volet informationnel et logistique aurait été géré par des activistes pro-juntes, agissant comme courroies de transmission entre l'AES et les militaires comploteurs béninois.
Leur mission aurait été de mener une campagne en ligne pour préparer l'opinion à l'arrivée des mutins et faire accepter un coup d'État plutôt que le processus électoral classique.
L'effort de propagande en ligne aurait été principalement confié au Burkina Faso. Les autorités burkinabè se seraient engagées à « renforcer la propagande sur Facebook, TikTok et YouTube » par l'intermédiaire de leurs cyber-activistes.
Après l'échec de la tentative, l'armée béninoise ayant rapidement mis en déroute les mutins, la propagande sahélienne est passée à la vitesse supérieure, inondant les réseaux de rumeurs (fuite du président, ralliement de l'armée, etc.).
Un point d'interrogation majeur subsiste : le silence du Togo. Le lieutenant-colonel Pascal Tigri, le meneur présumé, se serait réfugié dans ce pays voisin après l'échec de l'opération.
Plus de cinq jours après les événements, Lomé n'avait toujours pas réagi officiellement. Pis, il est suggéré que Tigri y bénéficierait d'une « protection discrète ». L'enquête devra déterminer si cette passivité est le fruit d'une simple neutralité ou d'une complicité active avec les putschistes.
Conclusion : La tentative de coup d'État dépasse largement le cadre d'une mutinerie interne. Elle met en lumière les nouvelles méthodes de déstabilisation régionales, où le financement occulte et la guerre de l'information sont des piliers centraux des offensives menées dans la sous-région.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion