Le paysage politique de la Guinée-Bissau est secoué par des déclarations de victoire anticipées suite au scrutin présidentiel du week-end, avant même la publication des résultats officiels par la Commission Nationale des Élections (CNE). Les deux principaux camps, celui du président sortant Umaro Sissoco Embalo et celui du candidat indépendant Fernando Dias, affirment tous deux avoir remporté la course dès le premier tour.

Face à cette situation tendue, la CNE a lancé un appel général à la retenue, demandant instamment aux candidats, partis politiques, électeurs et médias d'éviter toute proclamation prématurée, jugée contraire au cadre électoral.

Le Candidat Dias Revendique la Victoire dès le Premier Tour

Fernando Dias, un indépendant bénéficiant du soutien de personnalités influentes, s'est positionné comme le premier à revendiquer la victoire. Saluant la forte mobilisation des électeurs, son équipe affirme détenir des données internes qui lui garantiraient une avance suffisante pour s'assurer la présidence dès le premier tour.

1. Dias est appuyé par l'ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira (PAIGC), principal rival d'Embalo en 2019, dont la candidature pour cette élection a été jugée irrecevable. Ce soutien est perçu comme une manœuvre pour maintenir l'influence du PAIGC, grand absent de la course.
2. Le camp Dias a également exprimé des inquiétudes concernant de potentielles "tentatives d'ingérence" durant la phase sensible de compilation des votes.

Le Camp Embalo S'affirme Vainqueur et Écarte un Second Tour

En réponse aux allégations de son adversaire, l'équipe du président sortant Umaro Sissoco Embalo a réagi rapidement. Par la voix de son porte-parole, Oscar Barbosa, le camp Embalo a également déclaré la victoire de son candidat, affirmant que ses propres chiffres internes confirment l'absence de second tour.

1. Contexte du Mandat d'Embalo : Arrivé au pouvoir en 2020, le président Embalo brigue un second mandat dans un contexte politique notoirement fracturé, marqué par des tensions et de multiples tentatives de coup d'État dénoncées par son administration. Sa campagne a mis l'accent sur la nécessité de stabilité institutionnelle.

La CNE et les Observateurs Imposent la Patience

La CNE a réaffirmé avec fermeté que seule son institution est habilitée à annoncer les résultats, insistant sur le respect du processus pour désamorcer les tensions.

1. Taux de Participation : Les premières données font état d'une participation d'environ 65 % des 2,2 millions d'électeurs, un chiffre jugé encourageant pour le processus démocratique.
2. Avis des Observateurs : Plus de 200 observateurs, notamment de la CEDEAO, de l'Union africaine et de la CPLP, ont été déployés. Leurs premières évaluations décrivent un scrutin s'étant "bien déroulé" malgré des incidents mineurs. La CEDEAO, très investie dans la stabilité de la Guinée-Bissau, a souligné l'importance de la transparence électorale.

Enjeux d'une Élection Cruciale

Cette élection présidentielle est vitale pour cette petite nation lusophone d'Afrique de l'Ouest, souvent confrontée à une instabilité politique chronique. Le pays, dont le mandat Embalo a été rythmé par des tensions et des crises institutionnelles, attend de savoir si cette élection permettra de consolider sa fragile stabilité.

Le pays est suspendu à l'annonce officielle des résultats que la CNE a promis d'ici jeudi.