Afrique du Sud : Deux anciens policiers reconnus coupables du meurtre d'un activiste de l'apartheid 36 ans après
Deux anciens policiers de l'ère de l'apartheid en Afrique du Sud ont été reconnus coupables de meurtre ce mardi pour l'assassinat de l'activiste étudiant Caiphus Nyoka en 1987. Ce jugement apporte un rare élément de justice pour l'une des nombreuses violations de l'époque restées impunies pendant des décennies.
Abraham Engelbrecht et Pieter Stander, tous deux dans la soixantaine selon les procureurs, ont été déclarés coupables par un juge de la Haute Cour de Gauteng à Johannesburg. La sentence sera prononcée ultérieurement. Un troisième ancien policier a été acquitté.
La fusillade mortelle de Nyoka, survenue à son domicile familial près de Johannesburg en pleine domination de la minorité blanche, avait été classée à l'époque comme un cas de légitime défense par la police. Ces pratiques étaient courantes pour couvrir des assassinats politiques sous le régime de l'apartheid.
Ce n'est qu'en 2019, plus de trente ans plus tard, que l'affaire a été relancée lorsqu'un autre ex-policier, Johan Marais, a publiquement avoué le meurtre. Marais, qui était membre de l'unité spéciale Reaction Unit, a plaidé coupable et a été condamné à 15 ans de prison en juillet dernier. Son témoignage a permis de traduire en justice Engelbrecht et Stander.
Caiphus Nyoka, fervent militant anti-apartheid, est mort criblé d'au moins 12 balles lorsque des agents de la redoutée Reaction Unit et de la Special Branch (brigade spéciale) ont pris d'assaut sa maison familiale à l'aube.
Un rapport de pathologie de 1988 et des documents judiciaires indiquent qu'il a probablement été touché à la tête, au cou et à l'épaule alors qu'il était assis dans son lit. Il a ensuite reçu de multiples balles dans la poitrine, les bras et les mains après être retombé en arrière.
L'affaire Nyoka avait déjà été examinée par la Commission vérité et réconciliation (CVR) d'Afrique du Sud en 1997. Créée après la fin de la domination blanche en 1994, la CVR offrait aux auteurs d'abus la possibilité d'avouer et de demander l'amnistie en échange de la vérité, dans un esprit de réconciliation. Cependant, personne ne s'était manifesté à l'époque pour reconnaître sa responsabilité dans le meurtre de Nyoka.
La commission avait documenté des milliers de cas d'assassinats politiques, d'enlèvements et de tortures. Elle avait recommandé des centaines d'enquêtes pénales, mais très peu ont abouti à des poursuites. Cette inertie a engendré des années de frustration pour les victimes et leurs familles.
Sous la pression du public, les autorités sud-africaines ont finalement décidé cette année de réexaminer certaines de ces violations passées :
Une autre enquête cruciale examinera l'allégation selon laquelle les gouvernements post-apartheid dirigés par l'ANC auraient délibérément bloqué les enquêtes sur ces assassinats, comme l'ont avancé certaines familles de victimes.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion