Affaire Luigi Mangione : Ces preuves qui pourraient faire basculer le procès du « Tueur de PDG »
Accusé d'avoir assassiné le PDG du plus grand groupe d'assurance santé privé des États-Unis, Luigi Mangione est au cœur d'une affaire criminelle qui a pris une dimension sociale et politique majeure. Chaque audience est scrutée, notamment celle de ce lundi qui se concentre sur la recevabilité de preuves cruciales.
Le 4 décembre 2024, Brian Thompson, directeur général d'United Healthcare (le principal assureur de santé américain), était abattu en plein Manhattan alors qu'il se rendait à un congrès professionnel. L'acte, commis de sang-froid, a immédiatement fait sensation.
Un détail glaçant : les douilles retrouvées près du corps portaient les mots gravés « Delay », « Deny » et « Depose » (« retarder », « contester » et « destituer »), une référence directe aux pratiques décriées des compagnies d'assurance.
Cinq jours plus tard, Luigi Mangione, un ingénieur de 28 ans souffrant de problèmes de dos, était interpellé. Il est depuis devenu, pour une partie de l'opinion, le symbole de la colère des Américains face aux lacunes du système de santé privé et au refus des assurances de rembourser les soins. Sa popularité est telle que sa cagnotte de défense a rapidement dépassé le million de dollars.
Ce lundi, un tribunal de New York doit examiner une requête déterminante des avocats de Mangione : l'exclusion des preuves trouvées dans son sac à dos lors de son interpellation. Ces preuves comprennent :
La défense plaide l'irrecevabilité de ces éléments, arguant qu'ils ont été saisis sans mandat et sans notification des droits du suspect. Les procureurs, à l'inverse, estiment que la saisie était justifiée par des raisons de sécurité immédiate au vu de la gravité du crime.
L'affaire Mangione est compliquée par une double juridiction.
Dès le printemps, Pam Bondi a demandé aux procureurs fédéraux de requérir la peine de mort, s'inscrivant dans la politique de durcissement pénal du Président Trump.
Un premier développement procédural a eu lieu en septembre : le tribunal de Manhattan a abandonné les chefs d'accusation les plus graves, à savoir le meurtre au premier et au second degré commis dans le cadre d'un acte terroriste.
Le juge a justifié cette décision en affirmant qu'aucune preuve n'avait été présentée d'une volonté de « terroriser le public, d’inspirer une peur généralisée » ou d'une conspiration avec des groupes terroristes. Il n'a pas non plus été prouvé que le manifeste de Mangione était destiné à être diffusé.
Mangione reste toutefois poursuivi pour assassinat.
La perspective de la peine de mort au niveau fédéral accentue la polarisation de l'affaire. Lors d'un éventuel procès fédéral, les douze jurés devront voter à l'unanimité pour prononcer l'exécution.
Selon le quotidien The Guardian, la dernière peine de mort requise par des procureurs fédéraux remonte à 2023, contre un terroriste islamiste. Dans cette affaire, le jury n'était pas parvenu à l'unanimité, et l'accusé avait finalement été condamné à la prison à vie.
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