
À six mois de l’élection présidentielle, la tension monte en Côte d’Ivoire. Ce mercredi, Tidjane Thiam, ancien ministre et banquier international, devrait être officiellement désigné candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition. Il est le seul en lice lors de cette convention interne.
Bien qu’il soit actuellement à l’étranger, sa candidature est au centre d’une polémique liée à sa nationalité. En parallèle, la scène politique ivoirienne est secouée par des tensions croissantes, notamment en raison de l’inéligibilité de plusieurs figures majeures de l’opposition, dont l’ancien président Laurent Gbagbo.
Environ 4 000 membres du PDCI, tous issus des instances décisionnelles du parti, voteront ce mercredi dans 400 bureaux répartis à travers le pays. Les résultats sont attendus dans la soirée. Malgré l’absence de concurrence, ce scrutin reste important pour mesurer la mobilisation des militants.
« La confirmation de Tidjane Thiam permettra de renforcer sa légitimité pour mener son projet politique », souligne Simon Doho, chef des députés PDCI.
Jean-Louis Billon, député et ancien ministre, initialement candidat déclaré, s’est finalement retiré, critiquant l’organisation de la convention. Un cadre du parti assure pourtant que « toutes les conditions de transparence ont été réunies ».
Une polémique sur la nationalité
La campagne de Thiam est freinée par une controverse sur sa nationalité. Né en Côte d’Ivoire, il a acquis la nationalité française en 1987. Il y a officiellement renoncé en mars dernier, une condition indispensable pour se présenter à la présidentielle, qui interdit la double nationalité.
Mais ses détracteurs avancent que le fait d’avoir acquis une autre nationalité dans le passé l’aurait automatiquement fait perdre sa nationalité ivoirienne, selon l’article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960. Le PDCI dénonce une « manœuvre politique » visant à l’écarter.
« Faire planer cette menace est grave, même si elle ne se concrétise pas. C’est un recul démocratique », estime Simon Doho. Il reste optimiste : « Le PDCI peut gagner. Les militants y croient. »
Un candidat peu connu du grand public
Pour l’analyste politique Geofroy Kouao, Tidjane Thiam souffre d’un manque de notoriété : « Il n’est pas bien connu des Ivoiriens. Le PDCI devra redoubler d’efforts en communication et en proximité. » Âgé de 62 ans, Thiam a passé plus de 20 ans à l’étranger, dirigeant des institutions financières comme Aviva, Prudential ou Credit Suisse.
Climat politique tendu
L’opposition intensifie ses activités sur le terrain, organisant de nombreux rassemblements à Abidjan et dans les régions. Mais trois figures emblématiques — Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro — sont actuellement inéligibles en raison de condamnations judiciaires. Leurs noms ne figurent pas sur la liste électorale provisoire. La liste définitive est attendue en juin.
Le PDCI et le parti de Gbagbo, le PPA-CI, ont récemment annoncé leur retrait de la Commission électorale indépendante (CEI), accusant celle-ci de manquer d’impartialité.
« Le scrutin du 25 octobre s’annonce mal », estime Geofroy Kouao. « Les tensions verbales s’intensifient, le désordre électoral s’installe. »
Parmi les candidats éligibles, l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et l’ex-Première dame Simone Gbagbo se sont déjà déclarés. Ils ont rejoint en mars une coalition avec Thiam et Blé Goudé, appelant à un dialogue politique national.
Enfin, le président actuel, Alassane Ouattara, 83 ans, n’a pas encore annoncé s’il se présentera pour un quatrième mandat. Il a toutefois exprimé en janvier son « désir de continuer à servir son pays ». Son parti affirme qu’il sera bientôt officiellement investi candidat.
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