Au fond de la prison pour femmes de Bimbo, à Bangui, dans le clair-obscur d'une cellule remplie de lits superposés, des femmes incarcérées pour sorcellerie égrènent leur chapelet avec la dernière énergie, recroquevillées autour d'un amas d'images pieuses.
Près de la moitié des 42 détenues de Bimbo sont accusées de pratiques de charlatanisme et sorcellerie (PCS), un crime prévu par les articles 149 et 150 du code pénal centrafricain.
"C'est à cause de ma soeur Nina qu'on m'a amenée ici. Je ne reconnais pas l'acte pour lequel je suis en prison. Son mari est décédé car on l'avait mal soigné, et ma sœur m'a créé des ennuis", explique Sylvie, les bras ballants, dans la cour principale de la prison.
Incarcérée depuis un an, Sylvie attend toujours son jugement. Autour d'elle, les détenues sèchent leur linge, préparent les repas ou surveillent leurs enfants, à l'ombre des murs coiffés de barbelés.
Son histoire ressemble à beaucoup d'autres: un décès ou une maladie survient dans une famille. Un membre de cette famille accuse alors, de manière sincère ou non, un proche ou un voisin d'en être responsable.
"La sorcellerie pose problème au législateur centrafricain. C'est toujours mystique, donc il est compliqué de rendre une décision pour un juge", explique Nadia Carine Fornel Poutou, présidente de l'association des femmes juristes à Bangui, qui dirige des ateliers de sensibilisation sur cette épineuse question.
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