Ce mouvement de contestation a été lancé par les chauffeurs routiers, qui arrêtent depuis plusieurs semaines les conducteurs étrangers et brûlent leurs cargaisons. Le mouvement s'était amplifié la semaine dernière dans le centre de la capitale Pretoria, avec le pillage de nombreux magasins tenus par des migrants.
C’est un mouvement national lancé par plusieurs corporations. Deux en particulier : les chauffeurs de poids lourds ainsi que les associations de taxis.
Comme la semaine dernière à Pretoria, ce sont les chauffeurs de taxis de la ville de Johannesburg qui sont allés brûler des dizaines de magasins appartenant à des étrangers.
Ces violences ne sont pas récentes. Depuis un an, les conducteurs étrangers, Zimbabwéens, Congolais ou Zambiens sont persécutés sur les routes car accusés de voler le travail des locaux. Deux cents sont morts dans ces violences depuis un an.
Aujourd’hui, c’est donc l’heure d’en découdre, selon les conducteurs sud-africains, qui ont installé des barrages informels sur de nombreuses routes du pays.
Mais en réalité, le gros des violences se concentre jusque-là dans au moins sept quartiers de Johannesburg depuis dimanche soir, où de simples citoyens viennent détruire, piller et brûler.
Aucun magasin sud-africain n’a été vandalisé
Dans le sud de Johannesburg, dans le quartier de Turffontein, plus de 500 habitants s’en sont pris à une dizaine de magasins, pillant tout sur leur passage. Il est très clair que les établissements visés appartiennent à des étrangers, des Pakistanais, Somaliens ou Nigérians. Aucun magasin sud-africain n’a été vandalisé. C’est le cas du magasin de Sebastian qui, lui, est Sud-Africain.
« Ils ont décidé de cibler les magasins des migrants, des Congolais et des Pakistanais. Ils n’ont pas touché aux Sud-Africains. C’est injuste, car ces gens travaillent dur. Regardez, si vous jetez un œil, c’est vide maintenant », constate-t-il.
Sivuyile Nama est porte-parole de la communauté, responsable des pillages. Il explique l’action des criminels et le ras-le-bol de ses concitoyens. « L’Afrique du Sud accueille un nombre impressionnant de migrants. Peut-être même le plus de réfugiés dans le monde ! Donc, qui est supposé s’occuper d’eux ? », interroge-t-il avant de pointer du doigt le gouvernement. « Les gens veulent du travail et le gouvernement ne nous donne aucune solution. Et on a besoin d’une sortie de crise très rapidement dans ce pays », ajoute-t-il.
Est-ce alors une nouvelle vague d’attaques xénophobes ? Du côté des autorités, on calme le jeu. Le ministre de la Police, Bheki Cele, préfère parler de criminalité. « Pour moi, c’est de la simple criminalité. Les gens volent mais pour le moment, il n’y a rien qui me fasse dire qu’il y a un conflit entre Sud-Africains et les étrangers. On parle de criminalité, pas de xénophobie », dit-il.
Pourtant, le motif des manifestants était clair. Leur communiqué disait : « Trop c’est trop. Les étrangers dehors ! ».
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