Le nouveau président angolais, João Lourenço, a nommé jeudi soir son premier gouvernement composé de trente ministres, dont neuf conservent les portefeuilles qu'ils détenaient déjà sous la présidence de son prédécesseur, Jose Eduardo dos Santos.
Lors de son discours d’investiture, João Lourenço a fait de la relance de l’économie sa priorité. Il s’est engagé à « promouvoir la stabilité, le bien-être et le progrès social de tous les Angolais » et à lancer des « politiques d’emploi et de lutte contre la pauvreté ».
Mais la composition son nouveau gouvernement annoncé jeudi laisse entrevoir une certaine continuité. Neuf ministres sur trente étaient déjà aux manettes sous son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, qui a pris sa retraite après avoir régné sans partage sur l’Angola pendant trente huit ans.
Parmi les ministres maintenus à leur poste figure en premier lieu celui des Finances, nommé il y a un an pour tenter de relancer l’économie d’un pays en crise victime de la chute des cours du pétrole, sa principale source de revenus. Malgré sa manne pétrolière, l’Angola, qui dispute au Nigeria le titre de premier producteur africain d’or noir, figure parmi les pays les plus pauvres du continent.
Plusieurs anciens ministres ont également pris du galon dans la nouvelle équipe
D’autres ministres à des postes clés, comme ceux de l’Intérieur, de l’Industrie ou de l’Agriculture sont également confirmés dans leurs fonctions, selon le décret publié par la présidence.
Plusieurs anciens ministres ont également pris du galon dans la nouvelle équipe. Le général et ancien vice-ministre de la Défense Salviano de Jesus Sequeira, a été promu ministre et l’ex-secrétaire d’État aux Relations extérieures, Manuel Domingos Augusto, est devenu ministre plein.
Même chose pour l’ex-secrétaire d’État à l’Administration du territoire Adam Almeida, responsable de l’organisation du dernier scrutin jugé frauduleux par l’opposition, qui a été nommé ministre du Territoire et de la Réforme de l’État.
Dos Santos de la scène aux coulisses du pouvoir
Au lendemain de l’élection de João Lourenço, soutenu par José Eduardo dos Santos, plusieurs observateurs se posaient la question de la marge de manœuvre dont disposerait le nouveau président pour gouverner le pays.
L’ancien chef d’État garde la main sur les nominations de généraux. Une loi votée le 21 juillet empêche tout changement à la tête de l’armée, des services de renseignement et de la police. Tous sont reconduits pour les huit prochaines années.
Il a également placé ses enfants à des postes clés – sa fille, Isabel, est à la tête de la Sonangol, la société pétrolière nationale, tandis que son fils, José Filomeno, dirige le fonds souverain.
Pour Paula Cristina Roque, de l’Institut sud-africain des affaires internationales, « réformer l’économie implique une décentralisation politique, qui aura un impact sur des intérêts puissants. Il devra donc négocier avec les enfants de dos Santos, qui ont la mainmise sur les finances angolaises ».
Le nouveau président devra par ailleurs s’attaquer aux institutions et à l’appareil de sécurité, alors que le pays est confronté à des menaces régionales croissantes. « En tant que président du MPLA, dos Santos conservera le pouvoir ultime, poursuit Paula Cristina Roque. Il peut approuver les lois proposées ou leur opposer un veto, et dirigera la politique étrangère. »
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