Deux journalistes nigériens, Samira Sabou et Moussa Aksar, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour la simple reproduction d’une enquête sur des faits de corruption au Niger, rapporte Reporters sans frontières (RSF), dénonçant dans un communiqué publié mardi 4 janvier 2022, “des condamnations totalement injustifiées qui envoient un signal dramatique sur l’état de la justice et la lutte contre la corruption dans le pays”.
Moussa Aksar, le directeur de publication de L’Événement et la journaliste indépendante Samira Sabou ont été respectivement condamnés, lundi 3 janvier 2022, à deux mois et un mois de prison avec sursis pour avoir diffusé, en mai 2021, une enquête produite par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC).
Le document présentait le Niger comme un “centre nerveux” du trafic de haschich dans la région et dénonçait les liens étroits des trafiquants avec une partie de l’élite politique et militaire du pays. Ces condamnations sont d’autant plus choquantes que l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) à l’origine des poursuites avait retiré sa plainte le 27 décembre.
“Nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette décision qui n’a absolument aucun sens sur la forme et qui ne peut que contribuer à encourager le trafic de drogue et ses promoteurs sur le fond. Cette décision vient discréditer un peu plus les autorités politiques et judiciaires du Niger qui n’ont de cesse de s’acharner contre les journalistes qui dénoncent la corruption dans le pays”, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger.
Dans un communiqué publié dimanche, la GI-TOC a apporté son plein soutien aux deux journalistes estimant que leur ciblage était une “réponse lâche destinée à faire taire les questions et débats légitimes centrés sur le trafic de drogue et son pouvoir de corruption”.
Moussa Aksar a fait partie des journalistes nominés pour le Prix RSF 2021 dans la catégorie du courage. Déjà auditionné une dizaine de fois en deux ans par la justice, le journaliste a été condamné en juin dernier à 1 830 euros d’amende et de dommages-intérêts après avoir participé à une enquête internationale de journalisme d’investigation ayant révélé des détournements massifs d’argent public pour des achats d’armement au Niger.
Le Niger occupe la 59e position sur 180 dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2021.
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