La nouvelle d’une base militaire des Emirats arabes unis en Somaliland n’a été que très modérément appréciée par l’Éthiopie, le principal partenaire économique du Somaliland, le seul à y disposer d’un consulat permanent. « L’établissement dans la région d’une base militaire par un État arabe peut créer certaines craintes dans le pays », estime un diplomate américain. Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, avait déjà vivement réagi lors de l’arrivée des troupes émiraties chez l’ennemi érythréen.
D’autant plus que de nombreuses rumeurs affirment que l’Égypte pourrait profiter de ses excellentes relations avec les Émirats arabes unis pour installer quelques soldats dans la région. De quoi accroître les tensions entre Le Caire et Addis-Abeba, déjà très fortes depuis que l’Éthiopie a décidé de bâtir le barrage de la Renaissance sur les eaux du Nil.
Djibouti laissé de côté
À Djibouti, la nouvelle a été tout aussi fraîchement accueillie. Elle intervient quelques mois après un accord signé entre les autorités du Somaliland et Dubai Ports World (DP World) à Berbera : pour 442 millions de dollars, l’opérateur portuaire a acquis la concession du terminal à conteneurs pour trente ans, afin de le moderniser et d’en faire le principal concurrent de celui de Djibouti dans le désenclavement de l’Éthiopie.
Un nouvel épisode dans les relations chaotiques entre Abou Dhabi et la petite république. Celles-ci se sont détériorées quand Djibouti a décidé en 2014 d’annuler le contrat pour la construction et la gestion du terminal de Doraleh accordé en 2006 à DP World, accusé de corruption. Elles ont même été rompues en avril 2015, après que des militaires djiboutiens et émiratis en sont venus aux mains sur le tarmac de l’aéroport d’Ambouli.
De là à voir dans la décision des autorités émiraties de prendre pied au Somaliland une mesure de représailles à l’encontre de Djibouti, il n’y a qu’un pas, franchi par de nombreux observateurs. En tous les cas, les enjeux de cette nouvelle installation vont bien au-delà d’une rivalité portuaire entre Djibouti et Berbera.
Avec Jeune Afrique
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article