S’il a toujours fait mine de ne pas s’en soucier, il ne pouvait ignorer que ce jour finirait par arriver. Chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 par des milliers de compatriotes survoltés, lassés de ses vingt-sept années de règne et excédés par sa tentative de modification de la Constitution, Blaise Compaoré savait qu’il aurait, tôt ou tard, à rendre des comptes à la justice de son pays.
À partir du 27 avril, c’est néanmoins par contumace que l’ancien président burkinabè, exilé en Côte d’Ivoire, sera jugé par la Haute Cour de justice, à Ouagadougou. Malgré son absence, il devra répondre de la répression meurtrière de l’insurrection populaire qui l’avait contraint à quitter précipitamment le palais de Kosyam.
Sur le banc des accusés
Avec 31 membres de son dernier gouvernement, Blaise Compaoré – qui était aussi ministre de la Défense – est poursuivi pour complicité d’homicide volontaire et coups et blessures volontaires. Tous encourent jusqu’à vingt ans de réclusion, voire la peine capitale, même si celle-ci n’est plus appliquée depuis longtemps.
Les faits qui leur sont collectivement reprochés remontent à plus de deux ans et demi. Fin octobre 2014, la tension est à son comble dans les rues de Ouagadougou, alors que Compaoré a confirmé son intention de modifier l’article 37 de la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat.
Le 28 octobre, deux jours avant le vote de l’Assemblée nationale censé entériner ce projet, son Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, convoque une réunion spéciale consacrée au maintien de l’ordre public durant cette journée qui s’annonce particulièrement tendue. Sont présents, parmi d’autres, Jérôme Bougouma, le ministre de la Sécurité, Honoré Nabéré Traoré, le chef d’état-major des armées, Tuandaba Coulibaly, le chef d’état-major de la gendarmerie, Lazare Tarpaga, le directeur général de la police nationale, ou encore Gilbert Diendéré, le chef d’état-major particulier et bras droit de Blaise Compaoré.
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