Trois écolières récemment arrêtées et mises en détention pour avoir gribouillé la photo du président dans leur manuel scolaire ont été expulsées de l’école après leur libération de prison, a déclaré Human Rights Watch à CNN.
Les filles, toutes mineures, ont été détenues pendant six jours le mois dernier à la prison centrale de Ngozi et accusées d’avoir insulté le chef de l’Etat, le président Pierre Nkurunziza, selon l’agence des droits.
Leur détention a déclenché la colère dans le monde entier. Plusieurs internautes ont partagé des photos défigurées de Nkurunziza avec le hashtag #FreeOurGirls.
Le directeur de HRW pour l’Afrique centrale, Lewis Mudge, a déclaré à CNN qu’un garçon, qui n’avait été accusé d’aucune infraction mais qui avait été arrêté dans le groupe initial de sept personnes, et une autre fille ont également été expulsés.
« C’est une bonne nouvelle qu’ils aient été libérés, mais les charges n’ont toujours pas été abandonnées et ils ont été expulsés de l’école. Cela affecte leur droit à l’éducation », a déclaré Lewis Mudge.
M. Mudge explique que les autorités ont décidé de les expulser de l’école Ecofo Akamuri dans la province de Kirundo, dans le nord du Burundi.
Dans une lettre datée du 20 mars, l’école accuse les écolières d’avoir violé le règlement scolaire en « gribouillant dans leurs manuels scolaires ».
« Comme le stipule l’article 31, paragraphe 28, du règlement scolaire, ces cinq élèves sont expulsés définitivement de l’école », peut-on lire dans la lettre.
La lettre, signée par le directeur de l’école, Isaie Nkinzingabo, indique également que les élèves devront s’inscrire dans une autre école l’année scolaire suivante.
M. Mudge a déclaré que le groupe de défense des droits ne sait pas pourquoi le garçon a été expulsé de l’école car il ne faisait pas partie des personnes initialement accusées.
« Cela démontre à quel point les écoles sont politisées au Burundi. Ça montre aussi qu’il y a des gens qui disent que c’est un acte tellement intolérable et pensent qu’il était important d’expulser définitivement ces enfants », a-t-il souligné.
Ce n’est pas la première fois que des écoliers burundais étaient emprisonnés et expulsés pour des infractions similaires.
En 2016, des agents du Service national de renseignement du Burundi ont arrêté huit élèves du secondaire pour avoir prétendument insulté Nkurunziza en écrivant des phrases qui se lisait « Quittez » ou « Non au 3e mandat » sur une photo du Président dans un manuel scolaire, selon Human Rights Watch.
La même année, des centaines d’enfants ont été expulsés de plusieurs écoles pour avoir gribouillé sur la photo du Président dans leurs livres.
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Le Président Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, a été réélu pour un troisième mandat en 2015, malgré des protestations massives et des inquiétudes quant à la légalité de la poursuite de son second mandat.
Mais la Cour constitutionnelle du Burundi a jugé qu’il était éligible parce qu’il avait été choisi par le Parlement, et non élu par le peuple, lors de son premier mandat.
Des dizaines de personnes sont mortes dans les violences qui ont entaché le vote de 2015.
Début mars, le Haut-Commissaire des droits de l’homme aux Nations Unies, Michelle Bachelet, a déclaré que l’agence avait été contrainte de fermer son bureau local pendant 23 ans sous la pression concertée du gouvernement burundais.
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