Seul le président Pierre Nkurunziza a donné jusqu'ici de sa personne, dans le cadre des séances de moralisation de la société burundaise. A chaque fois, des centaines de responsables administratifs, de militaires, de policiers et de natifs de la province sont réunis dans une salle pour écouter Nkurunziza porter la bonne parole.
Il est également parfois arrivé que la première dame – et pasteure d'une église évangélique devenue en quelques années l'une des plus puissantes du pays – anime elle-même ses propres séances de moralisation de la société.
Séances sous le sceau du secret
Des séances dont l’accès n’est pas ouvert à tout le monde : les journalistes notamment n'ont y pas accès. Les téléphones, les stylos, les montres ou tout ce qui peut ressembler à un enregistreur en sont bannis et gare à celui qui transgresse l'interdit.
Trois hommes ont été surpris avec leurs téléphones portables le 17 janvier à Kayanza, dans le nord du Burundi. Ils ont été arrêtés et, depuis, aucune trace d'eux. Fin février, deux personnes ont également été interpellées à Bubanza, dans l'ouest du pays, pour avoir évoqué sur une radio les sujets abordés par le chef de de l'Etat.
Appels à l’unité
Seuls ses porte-paroles en parlent officiellement, mais ils donneraient une version édulcorée des enseignements présidentiels, selon des témoins. En réalité, Pierre Nkurunziza en appellerait à chaque fois à l'unité des Burundais. Il prône pour cela la fin des divisions ethniques, qu’il considérerait comme une invention des colonisateurs belges, et un retour aux valeurs claniques.
Le dirigeant du Burundi n'hésiterait pas lors de ces séances pas à pointer du doigt ceux qui sont à ses yeux les deux principaux ennemis du pays, le Rwanda et la Belgique. En assurant que les occidentaux lui en veulent, parce qu’il est le protecteur du sous-sol burundais, qui regorge de minerais.
Mais personne n'a le droit de poser la moindre question.
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