La ville de Bamenda dans le nord-ouest du Cameroun, fief de l'opposition et l'une des deux régions anglophones du pays, est sous tension depuis 48 heures. Des populations y ont affronté les forces de l'ordre après un appel à la grève des enseignants. A l’origine de ce soulèvement, un appel à la grève des enseignants de la partie anglophone de la région. Ces derniers protestent contre la dominance de leurs homologues francophones dans l’éducation. Dès lundi dernier, ils avaient décidé d'entamer la grève pour faire entendre leur voix.
Ces derniers ont alors investi la rue de la ville de Bamenda et ont été progressivement rejoints par plusieurs milliers de personnes selon des témoins. Des revendications politiques La manifestation des enseignants a aussitôt dérivé sur des revendications politiques avec des slogans hostiles au pouvoir de Yaoundé. Des sources ont rapporté que des messages scandés par la foule ont appelés au fédéralisme et à une meilleure prise en compte de la spécificité linguistique de cette partie du pays dans les différents corps administratifs. « Depuis des années, nous tentons d'amener le gouvernement à répondre à nos doléances, mais sans succès jusqu'à maintenant », explique Tassang Wilfred, le secrétaire général du syndicat des enseignants anglophones, le Cameroon Teachers’ Trade Union.
« Le fond du problème, c'est le déploiement d'enseignants francophones dans des écoles anglophones. Le gouvernement, en raison du tribalisme et du népotisme, a même commencé à recruter des francophones pour enseigner l'anglais à des enfants anglophones. C'est scandaleux », proteste le militant. Il précise par ailleurs que la loi de 1998 sur l’éducation prévoit « que les deux sous-systèmes, anglophones et francophones, soient indépendants et autonomes ».
Balles réelles
Dans cette région présentée comme l’un des fiefs de l’opposition et qui couve une autre revendication appelant à la sécession depuis des années, le gouvernement reste timide. Des témoins ont rapporté un fort déploiement des forces de l’ordre et de militaires. La répression de la manifestation aurait fait au moins deux morts selon certaines sources. De son côté, le Front social démocrate (SDF, parti d'opposition anglophone) parle de quatre morts, affirmant également que la résidence du leader John Fru Ndi a été attaquée. « La police a tiré à balles réelles dans le domicile du président du SDF » et « a lancé six grenades lacrymogènes sur quelqu’un qui ne participait même pas à la grève et qui était plutôt dans la rue pour calmer les manifestants et apporter un peu de raison dans cette grogne », détaille Joshua Osih, vice-président du SDF, le Social Democratic Front. « S’ils peuvent le faire avec une personnalité publique comme le président national du SDF, je ne veux même pas imaginer ce qu’ils peuvent faire avec le citoyen lambda », conclut l’opposant.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article