L’une des deux femmes dans la liste des vingt candidats à l’élection présidentielle de 2024, Rose Wardini jette l’éponge avant la fixation d’une nouvelle date pour le scrutin.
La présidente du mouvement Sénégal Nouveau a officialisé sa décision de retirer sa candidature de la présidentielle de 2024. Au cours d’un point de presse organisé lundi soir à Dakar, la gynécologue dit avoir pris cette décision « en toute souveraineté et après une large concertation » avec ses proches dont son frère Antoine Wardini, un colonel de l’armée sénégalaise à la retraite, assis à ses côtés.
Accusée de parjure dans sa déclaration sur l’honneur, Mme Wardini a été mise en cause pour la détention d’une nationalité française au moment du dépôt de sa candidature au Conseil constitutionnel alors que les candidats à la Présidentielle doivent être exclusivement de nationalité sénégalaise. Les soupçons se sont exacerbés après la publication de captures d’écran sur les réseaux sociaux montrant sa présence sur le fichier électoral français.
Cette situation fait suite à la validation d’une liste de vingt candidats dont elle faisait partie par la juridiction constitutionnelle, poussant les militants du Parti démocratique sénégalais (PDS) à ruer dans les brancards après que leur candidat, l’opposant en exil Karim Wade, a été écarté de la compétition pour les mêmes raisons : sa double nationalité sénégalaise et française.
Rose Wardini est convoquée le 2 avril dernier par la Division des investigations criminelles (Dic) qui la place en garde à vue. Déférée au parquet, elle sera remise en liberté quatre jours plus tard et placée sous contrôle judiciaire par le doyen des juges.
Face aux journalistes, elle a admis sa bonne foi en soulignant que « le jour finira par se lever très bientôt sur une certitude, la renonciation à cette nationalité tant décriée ». « Toutes les preuves attestant de la sincérité de ma déclaration sur l’honneur seront tenues à la disposition du juge », a-t-elle noté, indiquant avoir retiré sa candidature pour entre autres raisons « la préservation de la paix sociale ».
« La paix et la réconciliation de tous les enfants de ce pays sont très largement au-dessus de toutes nos ambitions. C’est pourquoi j’ai décidé de renoncer aux miennes en espérant que cela facilitera la continuation du processus électoral dans un climat apaisé et que les élections puissent se faire avant le 2 avril 2024 », date limite du mandat du président Macky Sall qui ne fait pas partie des dix-neuf candidats restants.
Avec le retrait de Rose Wardini, Anta Babacar Ngom, cheffe d’entreprise, est désormais la seule femme en course pour l’élection présidentielle dont la nouvelle date sera fixée à l’issue des consultations entamées par le chef de l’Etat sortant.
Karim Wade écarté
Au départ, 93 dossiers de candidature à la présidentielle ont été déposés auprès du Conseil constitutionnel qui n’en a validé que 21, le 12 janvier après un premier tri ayant tenu compte de la validité ou non des parrainages. Huit jours plus tard, le 20 janvier, les sages a publié une liste définitive de 20 candidats. Pour double nationalité, Karim Wade, candidat du parti démocratique sénégalais (PDS) et fils de l’ancien président, Abdoulaye Wade, est recalé.
Le Samedi 3 février, le président Sall a pris une décision sans précédent en abrogeant le décret convoquant le corps électoral au 25 février. Cette action a déclenché une série d’événements qui ont plongé le Sénégal dans une crise politique inédite.
La tension entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel a atteint son paroxysme après que le PDS ait accusé deux juges constitutionnels de corruption. Ces accusations ont jeté de l’huile sur le feu dans un climat déjà tendu.
Le 31 janvier, les députés libéraux, soutenus par une partie de la majorité, ont réussi à mettre en place une commission d’enquête parlementaire. Cette initiative a marqué le début d’une série de manœuvres politiques complexes qui ont secoué le pays.
Report des élections
Le lundi 5 février, une séance plénière s’est tenue à l’Assemblée nationale pour discuter de la proposition de loi visant à reporter les élections. Après une journée mouvementée ponctuée d’accrochages entre parlementaires, la loi a été adoptée. Cependant, cette décision n’a pas été sans conséquences. Des députés de l’opposition, qui ont protesté contre le vote sans débat, ont été violemment expulsés de la salle par des gendarmes, agissant sur demande du président de l’Assemblée nationale.
À peine deux jours plus tard, alors que Dakar et d’autres régions du pays étaient en proie à des violences, des députés ont contesté la loi devant le Conseil constitutionnel. Simultanément, 15 candidats à la présidentielle ont choisi de saisir la Cour suprême.
Les manifestations qui ont suivi la décision du report du scrutin présidentiel ont provoqué trois morts.
Le Conseil constitutionnel annule le report
Dans une décision rendue le 15 février, le Conseil constitutionnel a retoqué le décret du chef de l’Etat sénégalais et a annulé le report du scrutin du 25 février. Cependant, la haute juridiction a préféré laissé la latitude à l’administration de fixer une nouvelle date qui ne devrait pas aller au delà du 2 avril.
Le président Sall qui s’est engagé à respecter cette décision a appelé à des concertations pour aller vers des élections dans les meilleurs délais. Lundi, des candidats ont affirmé avoir le reçu le fichier électoral alors qu’une partie de l’opposition demeure favorable à un report.
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