Environ 500 personnes ont défilé vendredi à Bangui, la capitale de la Centrafrique, contre un projet de nouvelle Constitution soumis au référendum fin juillet, et dont l'adoption permettrait notamment au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat.
Environ 500 personnes ont défilé vendredi à Bangui, la capitale de la Centrafrique, contre un projet de nouvelle Constitution soumis au référendum fin juillet, et dont l'adoption permettrait notamment au président, Faustin Archange Touadéra, de briguer un troisième mandat. "Pas de référendum, pas de 3ème mandat, pas de pouvoir à vie", "non au coup d'Etat constitutionnel !", pouvait-on lire sur les banderoles en tête du cortège.
A 17 jours du vote sur une nouvelle loi fondamentale, les manifestants ont défilé dans le calme en entonnant l'hymne national, et en agitant des drapeaux centrafricains. Les leaders de l'opposition, vêtus d'écharpes colorées, défilaient en tête d'un cortège encadré par un important dispositif de sécurité composé de plusieurs véhicules blindés de la mission de maintien de la paix de l'ONU en Centrafrique (Minusca) et de membres des forces de sécurité centrafricaines, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Si nous ne manifestons pas, c'est que nous sommes complices de la destruction du pays. Le président ne pense qu'à son pouvoir. Il a déjà fait sept ans, mais qu'est-ce qu'il a fait d'extraordinaire pour encore briguer un autre mandat ?", interroge Judicaël Kongbo, un commerçant de 39 ans.
"Touadera veut devenir un roi qui n'a aucun compte à rendre à qui que ce soit, même pas une démocratie parlementaire et c'est cela que nous refusons et nous nous opposons à ce processus référendaire qui est une escroquerie politique", a déclaré l'ancien Premier ministre et député de l'opposition Martin Ziguélé.
Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), une plateforme de l'opposition, avait appelé jeudi les Centrafricains à participer à une "marche pacifique" contre le projet de nouvelle Constitution, dans ce pays toujours en proie à une rébellion après des années de guerre civile.
Les organisateurs avaient maintenu leur appel en dépit d'une interdiction par les autorités, justifiée par la "situation sécuritaire" et le "caractère subversif de l'initiative prise par le BRDC et autres", selon un communiqué du ministère de l'Intérieur jeudi.
M. Touadéra a été élu en 2016 puis réélu en 2020 alors que moins d'un électeur sur trois a eu la possibilité d'aller aux urnes pour des raisons de sécurité. Il a annoncé fin mai la tenue d'un référendum pour une nouvelle Constitution le 30 juillet et est accusé par l'opposition et la rébellion de vouloir, en se faisant réélire en 2025, rester "président à vie" du deuxième pays le moins développé du monde, selon l'ONU.
"Il n'y aura pas de troisième mandat, mais les compteurs seront remis à zéro" avec une nouvelle Constitution, "et il y aura un nouveau mandat que tout le monde pourra briguer, y compris le président Touadéra s'il le souhaite", avait affirmé à l'AFP Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président, aussitôt après l'annonce du référendum.
La Centrafrique est en proie à une guerre civile depuis 2013, quand une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, avait renversé le président François Bozizé. Celui-ci avait ensuite organisé et armé des milices dites anti-balakas, majoritairement chrétiennes et animistes, pour tenter de reprendre le pouvoir.
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