Le gouvernement guinéen a annoncé jeudi avoir levé plus de 20 milliards de dollars d'engagements pour financer un plan quinquennal de développement au cours d'une rencontre à Paris avec les partenaires publics et privés de la Guinée qui s’est poursuivi hier. "Je tiens à remercier les investisseurs et bailleurs qui nous font confiance aujourd'hui: la Guinée leur garantit un développement qui profitera non seulement à toute la population guinéenne mais également à toute la grande région de l'Afrique de l'Ouest", a réagi le président guinéen Alpha Condé dans un communiqué annonçant que l'objectif initial a été largement dépassé.
"Nous voulons montrer qu'il y a une nouvelle Guinée, les progrès qui ont été faits sont très mal connus", avait lancé Alpha Condé à l'ouverture de la réunion, en soulignant l'amélioration de la situation économique du pays. Après le double choc de l'épidémie d'Ebola (2014-2015) et de la chute des cours des matières premières, la croissance du PIB a rebondi à 6,6% en 2016 (6,7% attendus cette année), s'est félicité le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, Makhtar Diop. Ce dernier a annoncé que l'institution, dans sa partie publique, apporterait un financement de 1,6 milliard de dollars. La Banque islamique de développement (BID) et le groupe de coordination arabe ont annoncé un financement de 1,4 milliard de dollars, alors que la Banque africaine de développement (BAD) et l'Union européenne se sont engagées à hauteur respectivement de 725 et 500 millions de dollars. Les investisseurs privés ont, quant à eux, annoncé plus de 7 milliards de dollars, dont une part significative via des partenariats public-privé (PPP). Près de 300 participants étaient conviés à cette réunion, investisseurs privés ou représentants de pays partenaires comme la France, qui a promis 591 millions de dollars, mais aussi des puissances émergentes comme la Chine, la Russie et l'Inde. Reconnaissant que certaines promesses de financements ne sont pas toujours suivies d'effet, le président guinéen a souligné l'importance du "suivi" lors d'un entretien avec l'AFP, Le Monde et RFI.
"Nous allons systématiquement envoyer des missions avec des projets très concrets auprès de ceux qui ont promis (des financements) pour que concrètement nous puissions atteindre les objectifs de notre plan quinquennal", a-t-il affirmé jeudi en milieu de journée. Le plan de développement 2016-2020 du gouvernement guinéen vise notamment à développer les infrastructures (routes, chemin de fer Conakry-Bamako-Bobo Dioulasso...), à doper la production électrique et à diversifier l'économie, très dépendante du secteur minier. "L'avenir de la Guinée, ce n'est pas les mines, qui ne donnent pas beaucoup d'emplois, mais l'agriculture, la transformation des produits sur place", a plaidé M. Condé, citant en exemple le fonio, une céréale sans gluten cultivée depuis des millénaires en Afrique de l'Ouest. Près de 80% des terres arables ne sont pas cultivées dans ce pays, pourtant le plus arrosé de la sous-région, avec plusieurs fleuves et affluents. Malgré la richesse du sous-sol de la Guinée en bauxite, or, diamant et minerai de fer, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d'un euro par jour, selon l'ONU.
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