La journée a été mouvementée vendredi 16 juin à Libreville. Un commando d'hommes armés a attaqué plusieurs médias dans la capitale gabonaise afin de faire entendre un message appelant au départ du président Bongo. Le leader, un ancien candidat à la présidentielle, a menacé de faire sauter des bombes dans la ville avant de se faire arrêter.
Tout s'est déroulé en quelques heures. En milieu de matinée, quatre à cinq hommes encagoulés et armés de pistolets pénètrent dans les locaux de la chaîne TV+. Ils braquent les employés et ordonnent la diffusion d'un DVD. Sur ce message on découvre avec surprise Roland Désiré Aba'a Minko. Ancien candidat à la dernière présidentielle rallié à Jean Ping, il lance un ultimatum au président Bongo.
« Nous exigeons dans un délai de 72 heures le départ d’Ali Bongo Ondimba du pouvoir et du Gabon, le désarmement de la garde républicaine par l’armée gabonaise, l’investiture de Jean Ping président de la République, chef de l’Etat, par la Cour constitutionnelle. »
Si le chef de l'Etat n'obéit pas, il promet de faire sauter des bombes déposées dans des bâtiments de la capitale. Le commando quitte alors TV+ en laissant derrière lui une bombe factice faite notamment d'aluminium.
Même scénario ensuite chez Africa numéro 1, où débarque ce qui semble être le même groupe, avec un sac contenant une autre charge factice, des machettes et des couteaux. Mais pour des raisons techniques, il échoue cette fois à faire diffuser son message.
Canal 7 reçoit aussi de la visite. Mais les locaux sont fermés et les assaillants sont obligés de fuir face à la pression des riverains.
Recherché par la police, Roland Désiré Aba’a Minko se serait rendu à l'ambassade de France où selon plusieurs sources il aurait voulu remettre un message pour demander notamment aux Français de contraindre Ali Bongo à quitter le pouvoir.
Il rejoint enfin le siège de l'Union européenne en disant qu'il porte une bombe sur lui. C'est là qu'il s'est fait interpeller.
« Un original »
Roland Désiré Aba'a Minko s'est fait connaître en 2011. A l'époque membre du conseil économique et social, il s'était rendu en costume le 14 juillet, place de l'Indépendance, s'était enchaîné à un mât sur lequel flottait un drapeau gabonais et avait entamé une grève de la faim. Une action pour réclamer le démantèlement des bases militaires françaises au Gabon ou encore la renégociation des accords entre les deux pays. « Je suis prêt à mourir pour cette cause », avait-il alors déclaré. Sa grève de la faim avait duré treize jours et s'était terminée à l'hôpital.
Homme d'affaires, ingénieur, il a refait parlé de lui l'an dernier, en étant candidat à la présidentielle. Il battait campagne à bord de sa voiture vieille de 36 ans et avec toujours la même idée : lutter contre l'influence de la France. « C'est son dada, voire son obsession », confie une source le décrivant comme « un original ».
La veille du scrutin, Aba’a Minko s'était rallié à Jean Ping. Il participait donc chaque semaine au comité stratégique de l'opposant. « Il ne croyait pas au dialogue. Il prônait l'insurrection, des opérations violentes. Mais on ne le prenait pas vraiment au sérieux », se rappelle un opposant.
En début de semaine, il était présent lors d'une réunion entre l'ambassadeur de l'Union européenne, Jean Ping et son camp. « Il s'est encore lancé dans une tirade interminable sur la France. C'était gênant, agaçant et totalement décalé », raconte un témoin de la scène.
Vendredi, la coalition autour du chef de l'opposition, Jean Ping, a d'ailleurs catégoriquement nié avoir participé de près ou de loin à la rédaction de la déclaration de Roland Désiré Aba'a Minko.
La réponse est claire et sans ambiguïté : ni Jean Ping, ni la coalition autour de Jean Ping, ne sont liés de quelque manière que ce soit à tout ce qui s'est passé [vendredi] à Libreville.
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